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Indécences au Théâtre de l’Aquarium : la promotion de l’ENSATT décrypte la haute société anglaise

Indécences au Théâtre de l’Aquarium : la promotion de l’ENSATT décrypte la haute société anglaise

07 July 2013 | PAR Camille Hispard

A l’occasion de la quatrième édition du Festival des Ecoles du Théâtre Public, l’ENSATT proposait, “Indécences”, une oeuvre poignante qui place au coeur du propos, la chute sociale d’Oscar Wilde, accusé et jugé pour sodomie.

de742ef804a4c2cb18dd10eb51be857bUne queue abondante et docile se masse dans le théâtre de l’Aquarium, en véritables poissons avides de se confronter à la fournée 2012/2013 de l’ENSATT, soit l’école nationale supérieure des arts et techniques du théâtre de Lyon. Tous ces artistes en puissance aux multiples casquettes, allant des concepteurs sonore et lumière aux costumiers en passant bien sûr par la mise en scène, nous présentent un mix ingénieux de deux pièces : Une Femme sans importance d’Oscar Wilde et Outrage aux mœurs de Moïsès Kaufman. Un regard croisé sur l’hypocrisie criante de la haute société anglaise du 19ème siècle et la véritable déchéance sociale d’Oscar Wilde, dénigré par l’opinion publique suite à un procès l’accusant de sodomie.

Le public est en face à face pour cette joute judiciaire aux allures de réel tribunal. On va revivre le procès d’un des plus grands écrivains anglais, que l’on va détruire peu à peu en raison des relations qu’il entretient avec de jeunes garçons.

Les comédiens sont déjà sur scène à notre arrivée et vont se l’approprier du début à la fin, dans une transparence absolue, qui sera l’un des fers de lance de la mise en scène de Franck Vercuyssen. Les protagonistes de ce projet, se changeront, s’échangeront les rôles et feront mouvoir le plateau devant nous, sans fioritures ni camouflages. Tout est intégré à la pièce, imposant un lien particulier avec le spectateur qui sera le témoin de ces changements d’atmosphère et de ces acrobaties artisanales de construction de décor.

Ils chuchotent sur fond de musique classique tonitruante. Planche de bois, tréteaux et marteaux feront office de tribunal, chacun prend sa place, jurés, juges, avocats. Oscar Wilde est attaqué par le père de Lord Alfred Douglas, un jeune homme qu’aurait fréquenté l’écrivain. L’avocat de la défense se lance dans une tirade de grande envergure, faite d’uppercuts rhétoriques jubilatoires, déployée avec talent par le comédien Louka Petit-Taborelli.

Des coups de marteaux et on bascule d’une pièce à l’autre, suivant le fil d’une société sclérosée par ses conventions et ses non-dits, prônant l’hypocrisie sociale et les courbettes, façon Les Caractères de La Bruyère.

En véritables funambules sur un fil, pour cette dernière, les espoirs de l’ENSATT trébuchent, bafouillent avec délice presque, montrant qu’ils rebondissent toujours avec brillance ; amusant un public qui se délecte devant tant de vie et d’envie.

Entre puritanisme et débauche on virevolte de la haute-société au tribunal, à travers des écritures pleines de malice et de volupté, singeant les mœurs d’une époque témoignant d’une universalité et d’une intemporalité tragique.

A l’entracte, on change de côté dans les gradins, histoire de voir les deux faces de la même médaille.

On assiste, impuissants à la mise à mort sociale d’Oscar Wilde, face à un monde mondain qui se masque en permanence. Mathieu Petit est délicieux et sarcastique à souhait et fait d’Oscar Wilde un dandy poétique et avant-gardiste.

Si l’on sent parfois que la 72ème promotion de l’ENSATT veut en montrer beaucoup et charge la scénographie et la dramaturgie afin de démontrer la force de tous ses talents, qui sont très nombreux en plateau ; on ne peut que se réjouir de voir ce vivier ardent d’artistes. Les comédiens sont tous exceptionnels et atypiques et recèlent une grande diversité émotionnelle. De toutes ces indécences délicates, il ressort que l’on reverra ces talents très prochainement sur les planches.

Visuel (c)  : affiches Aquarium/Photos promotion ENSATT.

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Camille Hispard

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