“Go down, Moses”, le blues opaque de Castellucci
“Des images au-delà de la logique”, c’est ainsi que Roméo Castellucci clôt son interview pour le Théâtre de la Ville où il revient, avec Go down Moses, trois ans après avoir été conspué par des chrétiens radicaux, condamnés depuis, pour le chef d’oeuvre Sul concetto di volto nel figlio di Dio. Il a entre-temps présenté sans encombre un spectacle encore plus mystique, The four saison restaurant, l’année dernière.
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Après avoir invoqué le diable avec Inferno (2008), le fils avec Sul concetto di volto nel figlio di Dio (2011), la mère avec The four saison restaurant (2013), soit une sainte trinité parfaite, c’est dans la Bible Juive que le metteur en scène italien et très catholique vient chercher l’espoir d’un renouveau de l’humanité. On le retrouve aussi dans une grammaire qui colle plutôt avec ses premiers spectacles issus de sa Tragedia Endogonidia où il inspectait les villes sous des voiles obscures. Ici, tout n’est que parabole, rien n’est allégorie. Nous suivrons l’histoire d’une illuminée au sens religieux du terme. Elle accouche dans le sang dans les chiottes d’un restaurant, l’enfant est selon elle Moïse, le sauveur, celui qui viendra sauver le peuple de l’esclavage. S’ensuit une enquête fantasmée qui nous fera voyager dans les méandres de ceux que certains appelleront la folie, d’autres la mystique.
Il opère par images et symboles, dans un récit qui fait mine de se tenir. Et pourtant, l’histoire n’a ici aucun sens, ce qui en a, ce sont les à-côtés. Les bruits de la foule sourde, le kitsch des récits de catéchèse, la matrice suggérée du Tohu-Bohu. Pour ouvrir le portrait que le Festival d’Automne lui consacre, Castellucci ose un propos qui lui ressemble pleinement tout en le déphasant. Il lance un SOS crade, écrit par des mains pleines de terre quand il convoquait (ou non) le berger dans Sul concetto di volto nel figlio di Dio dans une esthétique d’apparition. Il est après, totalement désabusé du monde. Le public est ici le peuple hébreu pas encore juif qui n’a pas suivi Moïse, qui n’a pas reçu les tables, qui n’a pas vu mourir celui qui les a libérés du joug du pharaon mourir avant d’accéder à la Terre Promise.
Castellucci fait retentir le blues et le classique. Il met ses comédiens derrière le voile noir qui lui est si cher, les faisant jouer derrière un calque. L’expérience est encore une fois totale, absolument mystique et déconcertante. Il sait apparaître en Grand Prêtre acteur d’une communion païenne dont la religion serait l’image de plus en plus impossible à représenter dans ce spectacle conçu comme un compte à rebours où l’on commence, pendant l’entrée du public par la fin, c’est à dire l’actuel.
Visuel : Luca Del Pia
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One thought on ““Go down, Moses”, le blues opaque de Castellucci”
Commentaire(s)
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Muriel
Il ne rétribue pas ses figurants/comédiens… qu’il recrute parmi des amateurs…ben quel honneur, à ce prix là, on se tuerai pour bosser pour lui…pas très catholique tout ça… encore un bel égo surdimmensionné biberonné à la sauce romainemachocathofacho…qu’est ce qu’on s’en fout de revisiter encore et encore les vieilleries religieuse qui ne glorifie que l’homme fils de dieu…dégeulasse écœeurant vas y empoche ton fric artiste à la solde des gouvernants hypocrites !!!