Théâtre
Froid de Lars Noren mis en scène par Arnaud Tardy

Froid de Lars Noren mis en scène par Arnaud Tardy

10 January 2022 | PAR Aminata Fofana

Froid de Lars Noren se donne au théâtre la Flèche les jeudis jusqu’au 17 mars, dans une mise en scène d’Arnaud Tardy. Cette pièce écrite en 2001 par le tout récemment décédé, Lars Noren, a été énormément jouée tout au long du XXIe siècle car elle peint un drame universel et intemporel abordant le racisme et le mécanisme de la violence.

Une réalité blessante et banale

C’est sous le beau mélange du soleil d’été, d’une bande d’amis et de beaucoup d’alcool que débute la pièce. Sur la scène désordonnée, on rencontre trois jeunes suédois :Ismael, Keith et Anders joués respectivement par Yanis Lab, Benoit Repellin et Florent Pochet. 

Ils possèdent chacun une forte personnalité mais traînent difficilement derrière eux une enfance fragilisée par la peur, l’absence de parent et la violence domestique, les laissant en manquent de repères. A l’aise uniquement entre eux, ce soir ils se sentent libres et se permettent des folies.  

On croit à cette illusion de bonheur mais dès lors que l’on entre dans le cœur de la pièce, l’atmosphère se gèle soudainement et les mots nous crispent. Ils exposent leurs racismes et se dévoilent comme des êtres sans pitié. 

La tension augmente crescendo durant le dialogue combinant des cris de joie et l’expression totalement délirante de leur fantasme mortel. Arrivée à son climax, entre en scène Karl, leur camarade de classe adopté et d’origine coréenne, joué par Nicolas Phongpheth. 

Il représente tout ce qu’ils n’ont pas pu avoir, mais ne colle pas à l’image qu’ils se font d’un Suédois. Sa réussite sociale est l’élément déclencheur du drame. 

Il se voit pris au piège dans le classique schéma “être au mauvais endroit au mauvais moment” et fait face à la dure montée de colère exercée sur lui. Le spectateur est de nouveau étouffé par les  remarques tranchantes et la violence physique qui se produit, mais Karl se montre comme une bouffée d’air fraîche en restant impassible et en assurant un discours d’acception.  

Une pièce qui s’inscrit dans le temps

Qui ne s’est jamais demandé :  “Comment en arrive t-on à l’infranchissable ?”.  C’est sous cette problématique que Lars Noren écrit et place dans cette pièce un milieu et 4 personnages facilement identifiables avec l’intention de caricaturer notre société, gravé d’un dur passé qui fait pourtant toujours écho. 

Tout le long du spectacle, on vient à se demander un grand nombre fois jusqu’où ces jeunes sont t-ils prêts à aller et d’où provient ce rejet brutal d’autrui. Suite à la performance grandiose des acteurs, on sort de la salle assommée comme un effet miroir. Le jeu hyper réaliste absorbe le fond de l’histoire mais se conserve dans l’esprit du public et l’invite à s’interroger lui-même. 

A l’approche des élections présidentielles , Le collectif Saison Violente reprend cette pièce  avec la  volonté de parler de notre génération en proie aux bouleversements et nous livre une performance marquante par les mots et  les gestes.  

Texte de Lars Noren publié en 2001

Mise en scène par Arnaud Tardy du collectif Saison Violente 

scénographie par Suzanna Bauer 

régis par Nino Valette 

visuel: photo © Marie Charbonnier

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Aminata Fofana

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