Avignon OFF : William Mesguich fait l’Evénement avec un « Richard III » ingénieux
Dans l’Angleterre de la fin du XVe siècle, les York ont remporté la guerre des Deux-Roses et terrassé les Lancastre. Édouard IV règne, mais son frère Richard, assoiffé de vengeance, lorgne le pouvoir. Richard va ainsi éliminer tous ceux qui se mettront en travers de sa route, ascension sanguinaire vers la couronne royale pour devenir le nouveau maître de l’Angleterre.
La scénographie merveilleuse reprend les codes de l’enfer. Nous sommes dans une pénombre, celle des limbes. Le bossu apparait et nous frissonnons. Le choix de Mesguich consiste à incarner un monstre sans conscience, sans morale, une impasse génétique sans avenir. La pièce de Shakespeare ressemble à un thriller avec un tueur en série. Avec la proposition de William Mesguich, nous saisirons la psyché de Richard 3, entre déflagration narcissique et pente suicidaire. Le comédien, metteur en scène, défend un héros pervers, polymorphe, un extrémiste qui effraie jusqu’à lui-même.
William Mesguich est un besogneux. L’esthétisme de chaque tableau est subtil, travaillé ; il inscrit son Richard 3 dans la lignée de celui en 2016 de Thomas Jolly à l’Odéon. Ce Shakespeare est violent et fantasmagorique. La troupe finit d’aiguiser le biais singulier de la construction. Ils sont remarquables : Estelle Andrea, Alexandre Bonstein, Xavier Clion, Madeline Fortumeau, Alain Guillo, Nadège Perrier, Thibault Pinson.
Le spectacle est total et comme toujours avec Mesguich, on entend le texte. Un excellent Shakespeare.
GÉMEAUX (THÉÂTRE DES) à 21h00
Visuel Affiche
