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[AVIGNON OFF] “Une bête sur la lune” ou l’uppercut au coeur
La compagnie Les Comédiens Volants, résidente au Théâtre de l’Oulle joue “Une bête sur la Lune” de l’américain Richard Kalinoski au Théâtre Notre-Dame. Après l’énorme succès de la mise en scène d’Irina Brook en 2003, il fallait oser reprendre le flambeau. Laurent Rochut, Directeur du Théâtre de l’Oulle a relevé le défi. Et il a eu raison.
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C’est par la petite porte que le texte de Kalinoski nous fait entrer dans la grande Histoire. Années 30, Milwaukee, États-Unis. Aram Tomasian, homme aux cheveux grisonnants et rescapé du génocide arménien ramène chez lui la jeune Seta, une orpheline de son pays à peine sortie de l’enfance, pour en faire sa femme et assurer sa descendance. Ces deux individus à vif, dont la souffrance est le seul liant, vont tenter chacun à leur manière de surmonter l’inoubliable atrocité de leur histoire commune dans un pays en pleine effervescence. Si le rire de la belle Seta sonne comme un appel urgent à la vie, saura-t-elle tirer du néant ce sombre inconnu devenu son mari ?
Nous plaçant comme témoins au coeur de l’intime, jusque devant cette chambre à coucher qui terrifie tant la jeune fille encore accrochée à sa poupée, “Une bête sur la Lune” raconte bien plus que le génocide arménien. Entre non-dits, silences et cris de désespoir, la pièce touche au plus profond du coeur humain et creuse dans les sinuosités des rapports hommes-femmes, du poids des traditions, de l’exil, de l’oubli et de la mémoire universelle.
Loin des grands discours démagogiques et du chant des violons, Laurent Rochut vise juste en mettant au coeur de son travail la direction d’acteur. Pierre Audigier et Lili Sagit incarnent bien plus qu’ils ne jouent, dans un duo périlleux mais finement maitrisé, loin de toute surenchère. Le texte de Kalinoski prend alors toute son ampleur et résonne comme un cri du coeur face à notre histoire à tous, celle d’une humanité barbare pour qui l’amour pourrait être la seule issue… On en ressort sans voix et viscéralement bouleversés. Plus qu’un coup de coeur, le coup de poing du OFF.