Performance
Swan, on achève bien les influenceuses à la Biennale de théâtre de Venise

Swan, on achève bien les influenceuses à la Biennale de théâtre de Venise

28 June 2023 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Chorégraphiée par Gaetano Palermo, Rita Di Leo roule sur la société de façade avec un talent monstrueux. C’est freak, référencé et totalement hypnotique.

Swan est une référence directe au tableau de fin de l’iconique Lac des Cygnes, celui de la mort du cygne, que Michel Fokine a cousu sur mesure pour Anna Pavlova. En 2023, la danseuse avance sur patins à roulettes. Elle porte une longue perruque blonde, un masque en latex couleur chair qui laisse paraitre ses yeux, son nez et sa bouche. Elle est vêtue d’une casquette noire, d’une marinière en crop top, d’un short bordé de rayures, de protège-tibias et de hautes chaussettes. Au sol, une colombe est inerte, elle parait si vraie qu’un enfant, lui aussi sur roller, vient vérifier alors que l’artiste a déjà commencé à “jouer”.

Le pas de deux improvisé donne à la performance une touche en plus dans sa recherche de point de rupture entre le vrai et le faux, entre la vérité et la fake news même. L’enfant, qui a tout compris à l’idée de la brisure du 4e mur, tient bon, lui aussi, jusqu’au moment où il en marre, il lâche l’affaire.

Rita Di Leo, smartphone collé à la main, ne lâche rien, elle. Elle pourrait elle aussi mourir pour ça. Mais, c’est quoi “ça” ? “ça”, c’est la fame, la gloire, le miroir aux alouettes. Elle glisse et puis les accidents se placent sur sa route. Les chutes sont de plus en plus violentes, elle se relève avec la douleur dans le corps, puis elle recommence.

Il est intéressant de voir comment les rollers sont devenus un motif récurent dans la danse contemporaine. Récemment, en 2022, Catarina Miranda, au Centre Pompidou, faisait du roller un art chic et précis, en 2023, Mette Ingvartsen transformait la scène de la Grande Halle en un vrai skate park. Les roues permettent aux pieds de glisser en continu et de faire des lignes courbes parfaites. Sur roller, la performeuse va aussi plus vite, plus loin, elle peut changer son rapport à l’espace qui l’entoure.

La performance est radicale et efficace. Elle nous confronte à nos obsessions de donner à voir une version de soi des plus artificielles au monde virtuel.

Jusqu’au 1er juillet, via Garibaldi. Entrée libre.

Visuel : ©Swan di Gaetano Palermo – Courtesy La Biennale di Venezia © Andrea Avezzù

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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