
Les livres vivants de Mette Edvardsen au Kunstenfestival
C’est à une expérience très sensible que nous invite la chorégraphe, danseuse et performeuse Mette Edvardsen pour sa deuxième venue au Kunstenfestivaldesarts de Bruxelles. Time has fallen asleep in the afternoon sunshine est la respiration à prendre jusqu’au 27 mai à la Galerie Ravensteingalerij.
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Le projet est aussi fou qu’il est simple : Mette Edvardsen a demandé à des lecteurs dont ce n’est pas la profession d’apprendre par cœur un long extrait d’un livre de leur choix dans la langue de leur choix pour ensuite le “lire” à une seule personne à la fois. Le titre de la performance et installation est tiré de Fahrenheit 451 de Ray Bradbury.
On pense immédiatement au travail de Tiago Rodrigues qui avec By Heart se demandait comment en exil garder un livre avec soi. Il y de ça ici, il a des traces et des manques. Car apprendre par cœur veut dire faillir, douter et intégrer quelque chose de faux comme étant vrai, au point que l’idée géniale a surgi d’exposer les versions imprimées des livres vivants, où l’où voit des trous ou des ajouts très personnels.
Pour nous ce fut La Métaphysique des tubes d’ Amélie Nothomb et l’expérience est là encore troublante. Car face à nous se tient une lectrice sans texte imprimé. Cela ne devient pas du théâtre pour autant mais reste bien une lecture au livre incarné. Le regard part pour chercher la bonne phrase, le rythme revient, l’histoire est captivante.
Il y a un effet médiéval dans cette performance qui revient aux origines mêmes du travail de copiste. Il y a aussi une dimension religieuse à apprendre des textes comme des trésors à transmettre.
Cette performance raisonne de façon évidente avec le travail de Monira Al Qadiri
Tout le programme du Kunstenfestivaldesarts est ici
Visuel : © Silvano Magnone, Kunstenfestivaldesarts