
Heartbreaking Final, la déprime de Tim Etchells et Aisha Orazbayeva au Festival d’Automne
Tim Etchells a répondu à une commande du Centre Pompidou. Sur la façade en ce moment, vous pouvez lire : “Qu’il y a t-il entre nous?”, et hier dans le cadre du portrait du Festival d’Automne consacré au collectif Forced Entertainment, la réponse a été donnée : une noire litanie sans espoir.
Si vous pensiez que Forced Entertainment se résumait à l’esprit des Monty Python, vous aviez tout faux. Hier soir, Tim Etchells, Nicki Hobday, John Rowley, Aisha Orazbayeva (violon), et Angharad Davis (violon) se sont présentés à nous en tenues du quotidien, texte à la main, surplombés d’un néon très blanc qui donne le ton et le titre à la performance : “Heartbreaking Final”.
En VO non traduite, les comédiens et les violonistes ont fait dissoner une longue litanie qui voit le monde avec angoisse :
“(…) et des rues vides
et des gares vides
et des maisons vides
et des trains vides
et des forêts vides (…)”
Les voix se chevauchent, sont presque en canon, s’attentent, lisent de concert et très rarement haussent le ton pour crier et marteler “Et quel genre d’objet est le soleil ?”
Pas de lumière donc. Pas non plus dans les cordes qui ne cherchent que la laideur du son et la gravité de la tessiture. Ce spectacle qui est plus une lecture donne au Centre Pompidou l’allure de sa voisine, la Maison de la Poésie, et c’est vrai que l’on imagine bien cette idée se livrer avec plus de proximité, en entant sur scène par exemple, pour encore mieux se laisser porter par cette complainte qui hésite entre être un poème et une psalmodie.
C’est donc un exercice de style aride qui travaille la voix comme un son. Il est très agréable de fermer les yeux et de se laisser porter par ce flow de mots en anglais accessible, délivrés avec sobriété et anxiété. Le tragique devient alors presque comme une berceuse. Drôle d’époque non ?
Jusqu’au 17 décembre au Centre Pompidou.
Visuel © Hugo Glenndining