ALT, des moments privilégiés de partage et de rencontre entre auteurs, lecteurs…
Née de la passion d’Annabelle Vaillant et Vincent Pavageau pour le théâtre, ALT (Auteur.ice.s-Lecteur.ice.s-Théâtre) est une jeune association qui fourmillent d’idées originales pour faire découvrir les dramaturges contemporains au plus grand nombre. À l’occasion de leur prochaine Boum Littéraire, ses fondateurs sont revenus avec nous sur leur aventure littéraire.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Vincent et moi nous sommes rencontrés en juin 2017 dans un comité de lecture au théâtre de la Colline. Nous avons eu l’occasion de lire ensemble des textes de théâtre contemporain que des gens avaient sélectionnés pour nous et que nous n’aurions certainement pas pu découvrir autrement. C’est quelque chose de très précieux pour nous, que d’autres personnes partagent avec nous leurs textes et que nous puissions en discuter avec eux après et pas seulement se contenter de les lire dans notre coin. Rapidement, nous avons pris conscience que ce concept était ouvert à tous et pas uniquement à des gens issus du milieu du théâtre contemporain ou, plus largement, du spectacle vivant.
Comment avez-vous eu l’idée de créer l’association ALT ?
C’est donc à deux que nous nous sommes lancés dans cette aventure. Nous avons créé l’association ALT à l’automne 2017 et lancé le premier événement en janvier 2018. ALT est née de nos propres rêves et de nos désirs. Nous n’avons pas cherché à rentrer dans des cases, ce qui aurait peut-être facilité l’obtention de subvention. L’idée de se retrouver pour lire des pièces de théâtre qui ne sont pas encore éditées lors d’une soirée peut paraître étrange. C’est pourquoi il est important que nos événements soient visibles, surtout que le concept est assez novateur. Heureusement, nous avons une graphiste, Myriam Adjaout, qui nous accompagne depuis le début. C’est elle qui a conçu notre charte visuelle et qui réalise les éléments de communication.
Comment se déroule la sélection des textes ?
Pour la première saison, qui a duré cinq mois, nous proposions cinq textes, trois pour lesquels nous avions démarché les auteurs et deux pour lesquels nous avions été contactés. La deuxième année, nous avons lancé un appel à textes. Nous n’étions que deux dans le comité de lecture pour lire 80 textes. La troisième année, nous avons renouvelé l’appel. Et là, ce n’était plus 80, mais 250 textes que nous avons reçus. Nous avons donc étoffé le comité de lecture pour nous aider avec un auteur et une autrice des années passées, une artiste rencontrée au cours de l’année et une personne ne venant pas du milieu du théâtre. L’appel à textes a lieu vers mars/avril. Nous sélectionnons les textes, souvent au coup de cœur, en mai et nous finalisons la programmation de l’année suivante en juin. Chaque saison est ponctuée par des événements (boums littéraires, rencontres…).
Pourriez-vous nous parler des événements que vous organisez tout au long de l’année ? En quoi consistent-ils ? Comment amenez-vous le public à découvrir les dramaturges contemporains ?
Nous organisons d’ailleurs la troisième Boum Littéraire vendredi 6 mars 2020, au Shakirail, à Paris, à 20h (lien vers l’événement ici). La première a eu lieu en octobre 2019 et la seconde en janvier dernier. L’entrée est à prix libre. En arrivant, les gens peuvent profiter de l’exposition et sont invités à mettre leurs rêves dans un ballon et à les déposer sur le plateau. Au fur et à mesure de l’avancée de la soirée, les ballons sont éclatés, les rêves libérés et lus à haute voix. Pendant environ une heure à une heure et demie, nous proposons des performances pour lesquelles nous faisons appel à des artistes. Plus que de simples lectures, celles-ci mêlent danse, musique, improvisation sur scène, poésie sonore, écriture automatique en direct, exposition de dessins inspirés des textes proposés pendant la soirée et avec lesquels toutes ces formes artistiques entrent en résonnance… Au cours de ces événements, on case les frontières entre le lecteur, l’auteur et le livre, entre la scène et la salle… Les spectateurs sont d’ailleurs invités à monter sur scène, la plupart du temps par Léa la danseuse. Une partie d’eux est d’ailleurs déjà sur le plateau, grâce aux ballons. À la fin de la soirée, les participants peuvent repartir chez eux avec les textes de la Boum, qui sont édités pour l’occasion et vendus à prix libre. Ceux qui le désirent peuvent s’inscrire aux rencontres qui suivent l’événement pour discuter avec les auteurs. Ces temps d’échange sont organisés dans des lieux différents (Le Monfort théâtre, le théâtre national de la Colline, le théâtre de la Cité Internationale…).
Quels sont les retours des participants ? Que pensent-ils de ces différents évènements et des livres que vous proposez ?
Les gens sont surpris de constater que le théâtre peut aussi se lire. Certains découvrent également que des auteurs vivants continuent d’écrire des pièces de théâtre et que celles-ci parlent de notre société. En plus, l’objet « texte », un peu fanzine, « fait main » et illustré (ce qui est assez rare pour du théâtre), intéresse de plus en plus de monde. L’année dernière, on ne le proposait qu’aux personnes qui venaient aux rencontres. Cette année, on le met à disposition de tous les participants, à prix libre. Les textes sont également consultables en libre accès au TDI, dans le XXe arrondissement de Paris. L’idée est de rendre le théâtre contemporain accessible au plus grand nombre et de faire découvrir des auteurs, sans que le prix ne soit un frein. C’est quelque chose qui nous tient à cœur. C’est pourquoi nous cherchons à augmenter la partie édition et, pourquoi pas, créer notre propre maison d’édition.
L’association se développant, avez-vous pu rencontrer d’autres professionnels et monter des projets communs ?
Grâce au réseau d’auteurs contemporains que nous avons développé, des professionnels nous contactent pour nous demander conseil en matière d’auteurs pour leurs projets. Nous avons également rencontré assez rapidement d’autres comités et réseaux, qui partageaient notre vision et avec qui nous sommes parfois amenés à travailler. Par exemple, nous avons organisé l’année dernière un événement destiné aux auteurs pour réfléchir sur l’écriture contemporaine et le statut d’auteur, en partenariat avec Jeunes Textes en Liberté, un label favorisant l’émergence des auteurs et autrices dramatiques contemporains et prônant une meilleure représentativité de la diversité et de la parité sur la scène théâtrale française, porté par l’autrice Penda Diouf et le metteur en scène Anthony Thibault. C’est une opération que nous souhaiterions reconduire. Nous avons évoqué de nombreux sujets, dont celui de la résidence artistique idéale…
Souhaitez-vous faire évoluer l’association, mener d’autres projets dans les années à venir ?
ALT est potentiellement amenée à se développer dans d’autres territoires, tout en gardant des événements à Paris. En tout cas, nous sommes en train de réfléchir à la manière de faire évoluer le format de ALT pour qu’il puisse se réinventer avec ce que nous voulons mettre dedans, tout en étant davantage rémunérateur pour les artistes et les auteurs. Nous envisageons également d’organiser des événements dans les bibliothèques et les médiathèques. À terme, nous aimerions disposer de notre propre lieu pour proposer des résidences… Nous faisons depuis peu partie de la coordination du théâtre à durée indéterminée (TDI), géré le Collectif Curry Vavart dans le XXe arrondissement de Paris, près du Père-Lachaise. Nous allons voir dans quelles mesures nous pouvons organiser des résidences ou d’autres actions in situ. Nous commençons également à avoir des ancrages en région. Vincent fait partie du Collectif Champs Libres, qui se trouve en Nouvelle-Aquitaine, près de Limoges. Via Jeunes Textes en Liberté, nous avons également noué des liens avec Poitiers. Nous tissons petit à petit notre réseau pour les textes de dramaturges contemporains se lisent partout en France.
Retrouvez l’actualité de l’association ALT sur son site Internet (ici), via sa page Facebook (ici) et via sa chaîne YouTube (ici).
Visuels : Affiche réalisée par Myriam Adjaout et photos prises par Cécile Bichon.