
Le Carreau du Temple accueille le festival Everybody jusqu’au 21 février
Le Carreau du Temple accueille la deuxième édition du festival Everybody, dédié au corps dans tous ses états. Au menu, bien sûr, danse et performance, mais aussi ateliers et rencontres.
Le lancement du festival a eu lieu vendredi dans la halle du Carreau du Temple, avec des installations participatives d’art contemporain, où le public est invité à observer les variations de son reflet dans des miroirs (Pile poil de Laurence Yared et Hadil Salih) et s’interroger sur les stéréotypes de genre en cours dans l’industrie du parfum (Parfum et genre, École supérieure du Parfum). De manière générale, les stéréotypes de genre font l’objet de multiples réflexions et mises en abyme, qu’il s’agisse d’ateliers (atelier Drag king butoh de Victor Marzouk et Hélène Barrier, ce dimanche jusqu’à 20h) ou de débats et tables rondes (Corps dissidents). Ce travail sur les évolutions du corps est également au cœur des spectacles programmés à cette occasion.
Le corps en mutation d’Arthur Pérole
Ainsi en est-il du spectacle d’Arthur Pérole Nos corps vivants. Dans cette pièce de cinquante minutes, il entend mettre en scène ce que les émotions font à nos corps. Vêtu d’un pantalon noir et d’une chemise à paillettes, il nous plonge dans un monde où des voix d’enfants et d’adultes s’interrogent sur la société contemporaine. La multiplicité des sources vocales participe d’une perte de repère qui engage à mettre en cause l’universalité supposée de nos valeurs.
Que les voix se taisent et le corps du danseur se met progressivement en branle, dans une gestuelle de drague volontairement stéréotypée. Les représentations archétypales de la culture queer – les paillettes et le manteau en fausse fourrure, mais aussi l’expression exacerbée des sentiments – côtoient des standards de la culture pop. A la fluidité avec laquelle il passe d’une émotion à l’autre s’opposent finalement les saccades d’un corps mécanisé, métaphores de la modernité.
Le voyage onirique de Tânia Carvalho
C’est dans un tout autre univers que nous entraîne Tânia Carvalho : après le solo de Pérole, voici un spectacle pour sept danseur.ses et deux pianistes. Cette Onironauta (“voyageur du rêve” en latin) accueille le public face à deux pianos, placés en miroir l’un de l’autre. Cette seule disposition fait signe vers un univers inconnu, où l’autre côté du miroir est toujours plus intéressant que celui où l’on se trouve. Comme pour donner raison à cette intuition, sept danseurs et danseuses surgissent à cour dans des justaucorps peints, qui oscillent entre l’univers du conte et celui du rock. Une esthétique de la tache et de la couleur, un maquillage à la Bowie qui marquent le désir de faire fi des frontières.
Frontières entre les genres, d’abord : les costumes et le maquillage effacent toute distinction entre “homme” et “femme”. Frontières entre les arts, ensuite : la chorégraphe, formée enfant à la danse classique, nous donne à voir un ballet qui emprunte largement aux pas de celle-ci. La musique de Chopin s’intercale à ses propres créations. Les étirements vers le ciel, qui semblent évoquer la recherche d’un ailleurs, s’articulent à une chorégraphie au sol où le désir d’apesanteur n’a pas disparu. Le voyage dont il est question ici est celui d’un monde détaché de la gravité comme des oppositions traditionnelles.
Le Festival Everybody
Dimanche 19
16h-20h : Battle Waacking
Lundi 20
18h30 : Plutôt vomir que faillir, Rébecca Chaillon
20h30 : Forme(s) de vie, Eric Minh Cuong Castaing
21h30 : Manifesto Transpofagico, Renata Carvalho
Lundi 21
18h30 : Plutôt vomir que faillir, Rébecca Chaillon
20h30 : Forme(s) de vie, Eric Minh Cuong Castaing
21h30 : Manifesto Transpofagico, Renata Carvalho
Visuel : affiche du festival