Danse
Philippe Saire et un couple en peine d’espace aux Hivernales

Philippe Saire et un couple en peine d’espace aux Hivernales

22 February 2020 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Philippe Saire est un chorégraphe dément, un démiurge qui inverse le sens des choses et trouble la perception toujours. Aux Hivernales, il présente son quatrième dispositif, Ether, qui questionne dans un presque pas de deux la disparition et l’évanescence.

La première fois que nous découvrons le travail de ce chorégraphe suisse (qui dans sa carrière a notamment dansé chez Larrieu), c’était au Centre culturel suisse pour un tube, Black Out, où, en voyeurs par-dessus bord, nous regardions les danseurs à deux mètres en dessous de nous. La seconde fois, il plaçait ses interprètes en suspension et à l’horizontale pour Hocus-Pocus. Saire fait donc cela, il dispose des corps dans des espaces.

Présenté dans l’immense et long Tinel de la Chartreuse, à Villeuneuve Lez Avignon, Ether flotte et fuit. La pièce est un bijou qui perd beaucoup de sa valeur ici, noyée dans l’espace. Marthe Krummenacher et David Zagari se cherchent,  parfois se trouvent. Ils sont confrontés à un lieu en pointe qui, quand il est montré (comme c’était le cas au Centre culturel suisse) dans un lieu resserré a tout d’un universel infini. Ici malheureusement, la magie est éteinte par un rapport scène/salle complètement inapproprié au travail de l’illusionniste  Saire. 

On ne fait alors qu’apercevoir ce qui ressemble à un chef-d’oeuvre. Dans un lieu contraint, les danseurs sont comme enfermés, réduits à devoir se glisser entre et dans les murs, à vouloir se confronter à des éléments, où tout part en fumée. Ils doivent se faire confiance, glisser l’un dans l’autre, ne pas se lâcher, et pourtant, même agrippés, l’un peut échapper à l’autre à tour de rôle, sans prévenir.

La beauté surgit, dans des étonnantes prestidigitations où l’être désiré est avalé par le mur de brume, et l’on perçoit tout à fait la quête de Saire, celle d’explorer les vacuités face à une ligne de fuite verticale. 

 

 

Les hivernales se poursuivent encore aujourd’hui, pour une dernière journée de festival avec en clôture la nouvelle création de Fouad Boussouf, Oum.

Visuel : ©Philippe Weissbrodt

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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