
Le monde s’invite à Montpellier Danse
Aujourd’hui s’ouvrent les réservations pour le prestigieux festival de danse Montpellier Danse qui aura lieu du 23 juin au 7 juillet. Un programme à la fois local et international qui témoigne de la diversité et de l’énergie de la danse contemporaine.
Un festival aux finances locales et à la programmation internationale
L’affiche parle d’elle-même, on y retrouve une image d’une danseuse, nue, prise dans un voile transparent. Cette scène est extraite de Soft virtuosity, still humid, on the edge. Ce spectacle de la chorégraphe québécoise Marie Chouinard avait été présenté au Festival d’Avignon en 2016. Une chorégraphe non languedocienne en Une, cela est signe fort. Car, et Jean-Paul Montanari, son directeur, l’assume : “Montpellier Danse reste un projet régional : Former un public qui habite sur place” et il ajoute, “projet digne et intéressant”. Le financement est aussi régional ou plutôt municipal en raison du saccage des dotations aux régions opérées par l’actuel gouvernement. “L’agglo” gère et supplée : “Montpellier finance essentiellement le festival. L’agglomération donne la moitié du budget t : 1,5 sur 3 millions d’euros que coûte le festival”. L’Etat subventionne sans sourciller depuis quatorze ans à hauteur de 3 00000 euros.
22000 fauteuils, 18 chorégraphes, 14 créations à Montpellier Danse
Alors que verrons-nous lors de cette 37e édition du festival ? Des générations de chorégraphes d’abord. De Daniel Linehan ( 35 ans) à Hans Van manen (85 ans). Et des typologies de danse. Du très figuratif avec en ouverture une double reprise pour Angelin Prejlocaj. Les Pièces de New York réunit deux ballets commandés par le célèbre New York City Ballet au chorégraphe : Spectral Evidence (2013) et La Stravaganza créée il y a vingt ans. Du très performatif également avec notamment une pièce de Steven Cohen à l’invitation de Rodrigo Garcia, qui quitte la direction de son CDN Humain trop Humain. Un solo pensé pour un duo avec Elu, son amoureux, disparu. Comme toujours avec Steven Cohen, cela s’annonce spectaculaire et fort. Put your heart under your feet… and walk / à Elu se donnera en ouverture au Château de Grammont.
Nous verrons également de la danse venue de partout : les israéliens Sharon Eyal et Gai Behar présenteront Love Chapter 2, Mathilde Monnier, l’actuelle directrice du CND fera venir une troupe de douze danseurs argentins pour El Baile. Cette histoire de la ville de Buenos Aires est une référence à la pièce Le Bal de Jean Claude Penchenat (1980).
Un grand sud
Emmanuel Gat dont la compagnie est basée à Istres présentera une création : Tenworks. Il s’agira de trois représentations en plein air au Théâtre de l’Agora. Le chorégraphe ne cessera de se confronter au plein air puisque en parallèle il proposera pendant 5 jours des duos dans les différents espaces de la ville. Le montpelliérain Fabrice Ramalingon dirigera trois danseurs brésiliens Eduardo Hermanson, Renann Fontoura et Tito Lacerda pour sa création Nós, tupi or not tupi ? Bernardo Montet présentera le très attendu Carne. Cette création met en mouvement les recherches de Martin Gusinde, témoin de la disparition des peuples de la Terre de Feu.
Hommages
Le festival sera l’occasion de revoir de grandes oeuvres. Sur le plateau, avec la re-creation du chef d’oeuvre Dance de Lucinda Childs. Le spectacle place un double regard, l’un sur la scène où les danseurs se croisent dans des lignes complexes, l’autre sur un grand espace vidéo qui au moment de la création doublait les danseurs. En bientôt 40 ans, il n’est plus possible qu’il y a une corrélation entre les danseurs et leur double numérique. Alors, le ballet de Lyon a tourné un nouveau film sur le modèle de celui de Sol Lewitt. Les danseurs auront donc leurs avatars lors de Montpellier Danse. Du côté des fantômes que l’on aime garder près de soi, le Festival donnera à voir en continu des films des pièces de Merce Cunnigham, disparu en 2009.