Danse
Doug Elkins à Suresnes : un retour aux sources survitaminé

Doug Elkins à Suresnes : un retour aux sources survitaminé

24 January 2013 | PAR Géraldine Bretault

Suresnes cités danse a son mythe fondateur : en 1992, Olivier Meyer assiste à un spectacle de Doug Elkins, et c’est le coup de foudre. Dès ce moment, il est déterminé à offrir une scène aux hip hopeurs – le festival était né. Vingt ans plus tard, Doug Elkins nous présente une nouvelle création, Mo(or)town / Redux, et reprend une de ses pièces mythiques, Scott, Queen of Marys (1993).

Mo(or)town / redux

Au pays des crooners et du cabaret, Doug Elkins n’hésite pas à s’inviter sur la piste en piquant son mouchoir fatidique à Othello. Et voilà comment deux danseuses en robes trapèze et pieds nus se retrouvent à mimer la jalousie avec leurs partenaires chaussés de vans. Dans une ambiance disco, portés par une bande-son anthologique (de Marvin Gaye à Stevie Wonder en passant par Amy Winehouse), les couples s’étreignent et se déchirent avec entrain.

Si l’interprétation est parfois inégale, les pas de deux masculins font mouche et le contraste entre les passions racontées et le ton très “couple contest” du samedi soir est souligné par une chorégraphie qui s’appuie sur la puissance physique de ses interprètes.

 

Scott, Queen of Marys, 1993

Dès le début, les dés sont pipés : dans un jeu de mot queer malin, Scott, Queen of Marys renverse le nom d’une très sérieuse reine écossaise du XVIe siècle – Mary, Queen of Scots. De cette époque compassée et corsetée, le chorégraphe hip hop newyorkais ne conserve que la cornemuse et quelques pas de menuets (si, si), pour mieux rendre hommage à la scène gay des eighties et au voguing.

Mais si, vous connaissez… Souvenez-vous, dans son clip Vogue en 1990, Madonna mettait en scène le fameux Willi Ninja, à l’origine de ce détournement des codes du catwalk par les gays. Le danseur était la figure de proue des clubs gays de Harlem, fréquentés par des homosexuels latino-américains et afro-américains.

Willi Ninja n’est plus, mais Javier “Ninja” Madrid fait des merveilles dans son rôle, frêle silhouette androgyne aux bras longilignes, moulée dans un maillot de corps jaune fluo. Sur une musique de Mio Moralès, qui fait la part belle aux synthés, Javier défile et se déhanche comme pas permis. La chorégraphie, très graphique, use et abuse des diagonales et nous livre quelques-uns de ces pas de deux gays sauce hip hop dont Elkins a le secret.

 

Vous en voulez encore ? Alors n’attendez pas, découvrez Paris is burning (1990), documentaire de Jennie Livingston qui retrace l’histoire de la ball culture new yorkaise, autour de Willi Ninja.

 

Crédits photographiques © David Bazemore et Julieta-Cervantes

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Géraldine Bretault
Diplômée de l'École du Louvre en histoire de l'art et en muséologie, Géraldine Bretault est conférencière, créatrice et traductrice de contenus culturels. Elle a notamment collaboré avec des institutions culturelles (ICOM, INHA), des musées et des revues d'art et de design. Membre de l'Association des traducteurs littéraires de France, elle a obtenu la certification de l'Ecole de Traduction Littéraire en 2020. Géraldine a rejoint l'aventure de Toute La Culture en 2011, dans les rubriques Danse, Expos et Littérature. Elle a par ailleurs séjourné à Milan (2000) et à New York (2001, 2009-2011), où elle a travaillé en tant que docent au Museum of Arts and Design et au New Museum of Contemporary Art. www.slowculture.fr

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