
Les combinaisons expérientielles de DD Dorvillier au Centre Pompidou
Only one of many est la nouvelle interrogation de la chorégraphe DD Dorvillier et du compositeur Sébastien Roux. Comment le geste et le son jouent-il une participation conjointe et dissonante en même temps ? Réponse pointue et superbe à Beaubourg, jusqu’au 26 janvier.
En 2015, le duo questionnait la relation entre le son, l’image et le geste avec Extra Shapes. Ici, le public resserré dans une jauge à 150 places entoure le plateau rond et blanc au dessus duquel le plafond noir est ponctué de prises électriques bleues. Une voix va nous donner les règles du jeu dont nous seront spectateurs : A partir de deux séquences chorégraphiques (D1 et D2) et de deux séquences musicales (M1 et M2), de durées égales, six combinaisons sont possibles.
On sait donc exactement ce qu’il va se passer, on connait le début et la fin. Le but de Only One of Many est donc expérientiel. Il s’agit non pas de nous raconter une histoire, ni de nous faire ressentir une émotion mais bien d’agir en scientifiques observants. Katerina Andreou, DD Dorvillier et Ayse Orhon vont se prêter au jeu, face aux machines.
D2 et M2 sont un son et une danse qui se répètent. Un seul son pour un seul geste. Et c’est par là que la pièce commence. Un son électro-acoustique linéaire et un pas qui se compose d’un pointé et d’un aplat avec des changements directionnels. D1 et M1 sont tout le contraire.
Le résultat est totalement fascinant. La très belle lumière de Thomas Dunn offre un halo net sur la scène. Le son est physique, les enceintes descendent du ciel. Pour M2, c’est un bloc de baffes faisant corps. Pour M1, ce sont une dizaine de petites enceintes qui agissent comme des pendules.
Le geste est de la post-dance très américaine, Cunnigham et ses ouvertures, William Forsythe et ses lignes, tous ont été avalés par la chorégraphie née à Porto Rico. La perception des mouvements évolue par rapport au son que l’on entend. Celui qui est multiple est légèrement mélodique, ce qui rend la chorégraphie plus dramatique. Hors, cela est une fiction qui n’est que relié à la perception. L’expérience est troublante car elle applique à l’art chorégraphique une méthode sortie d’une série américaine : la musique est un renfort émotionnel.
Only One of Many est une expérience totale, dont l’aspect très écrit ne bloque pas le surgissement de la surprise. Une pépite à voir absolument.
Only One of Many, DD Dorvillier et Sébastien Roux © Pierre Gondard