Danse
“Aerobics !”, Paula Rosolen manque de souffle

“Aerobics !”, Paula Rosolen manque de souffle

03 September 2015 | PAR Amelie Blaustein Niddam

La tradition est belle ! Chaque année, le Théâtre de la Ville ouvre sa saison sur les lauréats du prestigieux concours “Danse Élargie” par lequel Noé Soulier ou encore Simon Tanguy sont passés. Cette année la lauréate est Paula Rosolen, la chorégraphe se passionne pour le théâtre documentaire. Son objet d’étude est ici l’aérobic. Alléchant sur le papier, le spectacle manque de pugnacité.

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L’image est parfaite, le décalage savoureux. Une ligne de danseurs habillés comme Véronique et Davina nouvelle génération, chacun dans une couleur des pieds à la tête s’échauffent. Le tapis de danse a un effet miroir, le son ne viendra que de leurs souffles et de leurs pas, la lumière est chaude, très plastique. Ils vont danser dans les pas qui font l’aérobic. L’idée est géniale.

On est ici dans la même philosophie de la danse que celle qui anime les géniaux Alessandro Sciarroni et Jan Martens. Comme l’italien et le belge, il y a ici une recherche de l’épuisement dans la faille et la répétition. La chorégraphie est mathématique. Rien à part leurs comptages dans leurs têtes ne les retient à la réalité. Il n’y pas de musique, pas de repères. Ils sont huit à l’unisson, se séparant pour construire des sous-groupes ou d’autres lignes.
Mais les références sont déjà trop lourdes pour supporter la comparaison. De même, Paula Rosolen a la volonté de creuser du côté du théâtre documentaire. Là encore, l’idée est parfaite mais elle souffre d’un lourd écueil : faire entrer une danse non académique, en l’occurrence un sport, sur un plateau, à la façon d’un ready made vivant nous amène aux travaux de François Chaignaud sur le voguing ou plus récemment le Twerk. La chorégraphe souhaite ” transmettre cette sensation d’endurance, sans qu’il s’agisse de transposer sur scène un cours d’aérobic : le corps du danseur apporte sa propre histoire”. Cela elle y parvient totalement. Les squats, les déplacements en rebonds, les levers de bras très « let’s go physical » ne nous trompent pas. L’enjeu ici n’est pas la beauté encore moins l’introspection. Les visages sont serrés, la concentration totale. Pensé comme un ballet, ou toutes les 20 minutes une pause nettoyage de plateau est faite, le rythme est volontairement cassé. Ce qui pourrait fonctionner vient au contraire sortir les danseurs de leur entrainement quasi militaire. Le souffle se perd, les rebonds percutent moins.
Il faudra surveiller de près Paula Rosolen car elle sait voir juste dans son écriture de spectacle, mais la route reste encore à tracer pour atteindre un choc.
Visuel : ©Laurent Philippe

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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