Danse
Acta est fabula, les fabuleuses vibrations de Yuval Pick à Chaillot

Acta est fabula, les fabuleuses vibrations de Yuval Pick à Chaillot

11 January 2018 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Le directeur du Centre Chorégraphique National de Rillieux-La-Pape propose sa nouvelle création Acta est fabula, dans l’écrin très black de la toute nouvelle salle Firmin Gémier. Une petite bombe jubilatoire à l’énergie faussement légère.

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Adrien Martins est pour l’instant seul en scène. Il crie. Il porte un haut vert et un pantalon à rayures, ça aussi c’est tonitruant. L’homme aux allures de loup-garou joue autant les singes que les clowns en imposant un étrange rebond. Puis arriveront des micros, mais ici, ils seront utiles et non pas un subterfuge emprunté au théâtre contemporain. Oui utile, car Acta est Fabula est une réflexion sur l’être ensemble, entendez autrement : le chœur.

Il ne restera pas seul longtemps, rejoint par les autres danseurs de la compagnie : Julie Charbonnier, Thibault Desaules, Madoka Kobayashi et Guillaume Zimmermann. Ils sont tous pailletés, vêtus comme une soirée déguisée années 80. Yuval Pick empreinte volontairement des sons et des gestes au patrimoine de la culture pop entendue au sens large. Les bras se lèvent vers le ciel comme les juifs hassidiques, les épaules s’opposent comme chez les danseurs orientaux. Yuval Pick est né en Israël, il a été formé ( notamment) à la Batsheva, et s’amuse ici clairement des gestes fondateurs de la culture israélienne. On retrouve une énergie semblable à celle des travaux d’Hofesh Shechter, mais ici, les enjeux politiques ne sont pas au centre, et aussi ceux d‘Alessandro Sciarroni, mais sans la part obsessionnelle.

Fidèle à sa signature, Yuval Pick offre à ses danseurs un corpus de gestes comme des postures : un rebond, un déhanché, des mains qui tremblent, des courses, des marches. Il travaille la ligne pour mieux la troubler. Il nous perd sans cesse en dialoguant, à la façon démente de cette scène où un homme-totem se voit offrir une danse sacrificielle en grand écart.

Il fait de ses magnifiques interprètes, extrêmement incarnés, des porteurs de sons. On entend la fin de la célèbre version live de “Purple Rain”, la voix de Dalida, The Clash, mais toujours pour donner le “la”, jamais pour être joli ou illustratif. La lumière très fine de Sébastien Lefèvre évolue jusqu’au blanc clinique pour quitter l’humour et la légèreté. Les pas sont lourds, graves, fatigués. Etre ensemble est un épuisement, une écoute nécessaire qui, semble dire Yuval Pick, demande des efforts monstrueux.  Le resultat est une pièce jubilatoire aux dynamiques à la fois opposées et rassemblées. Une proposition exigeante à laquelle il est fascinant de se laisser prendre.

Jusqu’au 12 janvier au Théâtre National de Chaillot. 20H30 le 11, 19H45 le 12.

Visuel : ©Sébastien Erôme

Infos pratiques

Théatre Gérard Philipe
Comédie saint michel
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