Comédie musicale
[Live report]  Les “Misérables” au palais des Congrès et en tournée dans toute la France !

[Live report] Les “Misérables” au palais des Congrès et en tournée dans toute la France !

08 March 2017 | PAR Magali Sautreuil

Après le succès de la Comédie musicale créée en 1981 par Alain Boublil et Claude-Michel Schonberg, « Les Misérables » reviennent, pour seulement quelques dates à travers la France, dans une version concert inédite et en français ! Les 3, 4 et 5 mars dernier, trente chanteurs lyriques et semi-lyriques, accompagnés de l’orchestre symphonique de Franche-Comté Victor Hugo, dirigé par Alexandra Cravero, ont investi le Palais des Congrès de Paris pour donner le coup d’envoi de la tournée. « Toute la Culture » y était et vous livre ses impressions.

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Il aura fallu attendre plus de trente ans pour que la France redécouvre en musique «Les Misérables», l’un des romans les plus connus de Victor Hugo ! La dernière adaptation musicale fut en effet donnée au début des années 1990 au théâtre du Mogador. Après, plus rien, alors que cette comédie musicale n’a, depuis trente ans, jamais cessé d’être à l’affiche à Londres et est considérée comme l’une des meilleures comédies musicales au monde, avec ses quelques 70 millions de spectateurs. Elle a même été jouée dans plus de 44 pays et interprétée dans près de 22 langues. Elle revient aujourd’hui en France, dans une version concert, grâce à la passion de son producteur Philippe Barreau.

Certes, il n’y a pas de décor, mais les costumes suffisent pour nous replonger au temps de la Restauration et de la Monarchie de Juillet ! Les lumières jouent également un rôle crucial dans la mise en scène, puisqu’elles suggèrent le décor et soulignent les émotions véhiculées par le chant et l’orchestration.

Ces émotions sont d’ailleurs sublimées par les voix magnifiques des chanteurs. Ne dit-on pas que « la musique exprime ce qui ne peut être dit et sur quoi il est impossible de rester silencieux ».

La musique et les voix sont d’ailleurs à l’honneur dans ce concert. Les principales chansons de la comédie musicale sont présentes. Certains thèmes musicaux reviennent tout au long du concert, notamment celui du « Bagne : Pitié, pitié » et « J’avais rêvé ». Les élans révolutionnaires des républicains sont quant à eux accompagnés par une musique aux accents martiaux.

Divisé en deux parties, le concert est introduit par l’écrivain Victor Hugo en personne. Fidèle à l’image que l’on a de lui, il est vêtu d’un chapeau et d’une redingote noirs et porte une longue barbe blanche. À la manière d’un conteur, il nous raconte, seul en scène, ce qu’il va se passer, puis laisse place à la musique. C’est également lui que revient le privilège de mettre un point final à cette épopée.

Dans son œuvre « Les Misérables », il retrace le parcours d’un ancien forçat, Jean Valjean, qui malgré le fait qu’il soit devenu un grand homme, demeurera à jamais l’ex-bagnard n°24601 aux yeux de certains. Mais « Les Misérables » ne se résument pas à l’histoire de cet homme. Le roman s’interroge sur l’héritage de la misère et sur l’importance de la filiation dans un contexte socio-politique où de telles inégalités ne peuvent plus être tolérées.

Tout commence en 1815, à Toulon. Le forçat Jean Valjean s’apprête à quitter le bagne où il avait été enfermé pour avoir voler du pain, afin de nourrir sa famille. Ses compagnons de galère en appellent à la « pitié » de leurs geôliers. Le rythme répétitif et entêtant de leur chant révèle le côté répétitif d’un quotidien, fait de labeur et de souffrance. C’est la misère humaine qu’ils chantent ! Ce n’est pas des boulets qu’ils traînent à leurs pieds, mais la mort !

Libéré, Valjean échappe à ce triste sort et, grâce à l’évêque de Digne qui lui rachète son âme pour l’offrir à Dieu, il reprend le droit chemin. Stupéfié par la bonté de ce dernier qu’il avait pourtant délesté d’un peu d’argenterie, il hésite sur la conduite à suivre à l’avenir. La chanson, « Pourquoi ai-je permis à cet homme », retranscrit parfaitement le doute qui l’assaille.

Nous retrouvons l’ancien forçat huit ans plus tard, à Montreuil-sur-Mer. Il est désormais maire et propriétaire d’une usine. Lui qui n’a pas de famille fait la rencontre de Fantine, une mère-courage qui tente d’élever seule son enfant. Tous ses rêves brisés, elle nous les livre dans un solo poignant (« J’avais rêvé d’une autre vie »). Mais la vie ne l’a guère épargnée et s’est chargée de tuer ses rêves… Obligée de se dépouiller de tous ses biens et de sa dignité pour payer la pension de sa fille Cosette chez les Thénardiers, elle ira jusqu’à se prostituer. La chanson « Tu viens, chéri » rappelle d’ailleurs celle du bagne. Le tapin et le bagne, même combat ! Ce dernier métier coûtera la vie à Fantine. Avant de mourir, elle a le temps de confier l’éducation de sa fille à Valjean.

Entre temps, les fantômes de son passé de forçat le rattrapent. Valjean est de nouveau confronté à l’inspecteur Javert. Reprenant la musique du bagne, « La confrontation » révèle toute l’animosité que les deux hommes ressentent l’un envers l’autre.

Après ce duo plein de hargne, la petite Cosette nous offre un petit moment de douceur, elle qui ne rêve que d’ « une poupée dans la vitrine ».

Malheureusement pour elle, elle vit chez ces pingres de Thénardiers. Ces derniers jouent le rôle de bouffons dans la comédie musicale. Totalement désinhibés, leur bêtise met un peu de légèreté dans l’histoire. Leurs chansons rappellent celles du cirque et du cabaret, de même que leurs mimiques exagérées. « Maître Thénardier » vante les mérites de son auberge qui entube les clients jusqu’au trognon, puis s’improvise chef de bande dans « Le casse de la rue Plumet », avant de faire les poches aux macchabées dans « Fureurs cannibales » et de mettre le souk au mariage de Marius et Cosette (« Mendiants à la fête »).

Heureusement, Valjean vient la sortir des griffes des Thénardiers. Neuf années s’écoulent et Cosette a grandi. Son père adoptif a dû mal à la considérer comme une adulte. Avec sa voix haut perchée, elle tente pourtant de lui expliquer qu’elle est une femme amoureuse qui a le droit au bonheur elle-aussi. Ce bonheur, elle a trouvé auprès de Marius. Mais la révolution gronde au-dehors. Les républicains, dont Marius fait partie, veulent renverser Louis-Philippe et la Monarchie de Juillet.

La fin de la première partie porte les espérances de chacun puisque toute la troupe reprend en cœur « À la volonté du peuple » sur l’air de « J’ai un rêve ».

Ces espérances contrastent avec le désarroi dans lequel sont plongés les protagonistes dans la seconde partie. Nombreux sont les jeunes républicains à mourir sous le feu des barricades. C’est à travers le chant des mères et des veuves éplorées que l’on apprend leur mort (« Tourne, tourne »). Même l’amie fidèle de Marius, Éponine, rend son dernier souffle dans ses bras. Mais peu lui importe, car elle est enfin avec celui qu’elle aime.

Seul survivant de cette révolution avortée, Marius culpabilise d’être encore en vie, « seul devant ses tables vides » dans le café où il se réunissait jadis avec ses compagnons.

Mais voici venue l’ultime confrontation entre l’ex-forçat Jean Valjean et l’inspecteur Javert. Ils surgissent de chaque extrémité de la scène. La tension est à son comble. Mais Javert n’est plus l’homme inflexible qu’il était. Lui qui croyait qu’un voleur ne pourrait jamais devenir un honnête homme ne sait plus quoi penser face à Valjean. Tout ce en quoi il croyait s’effondre. Ne pouvant le supporter, il se donne la mort (« Le suicide de Javert »). Son suicide est évoqué par le faisceau de lumière rouge qui le transperce. Valjean n’a plus rien à craindre de Javert.

Puis revient le temps des jours heureux ! Marius et Cosette se marie.

Mais Valjean se fait vieux et n’en a plus pour longtemps à vivre. Sur son lit de mort, il se confesse dans une lettre qu’il remet à Cosette. C’est à ce moment-là que Fantine réapparaît. C’est elle qui lit les confessions de Valjean. Viennent se joindre à elle tous les fantômes des défunts. Vivants et morts se retrouvent réunis pour un final grandiose et émouvant et entonnent une dernière fois « À la volonté du peuple ».

Pari réussi pour cette version concert des « Misérables », qui parvient à nous faire oublier l’absence de décor par la puissance de ses voix, ses costumes et la qualité des éclairages ! Seul petit regret, l’absence de livret, mais cela ne nous a pas empêché de profiter du spectacle !

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Ensemble de la troupe réunie
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Liste des musiques chantées pendant le concert

Informations :

Titre : « Les Misérables en concert »

Producteur : Philippe Barreau

Scénario original : Victor Hugo

Paroles : Alain Boublil, Jean-Claude Lucchetti Mourou et Kretzmer Herbert

Musique : Claude-Michel Schonberg

Direction artistique : Magda Hadnagy

Direction musicale : Christian Cravero

Costumes : Yves Guilnhut (Antikcostumes)

Lumières : Roque Ségovia

Son : Pascal Mandin et Didier Haye

Orchestration : Orchestre symphonique Victor Hugo dirigé par Alexandra Cravero

Distribution des rôles principaux : Christian Decamps dans le rôle de Victor Hugo, le ténor lyrique Xavier Mauconduit dans celui de Jean Valjean, le baryton Pierre Michel Dudan dans celui de l’inspecteur Javert, la soprano Ita Graffin dans celui de Fantine, la mezzo-soprano June van der Esch dans celui de Cosette adulte, la mezzo-soprano Christina Koubbi et le baryton Ronan Debois dans celui des Thénardiers, la mezzo-soprano Marine André dans celui d’Éponine, le ténor Jean-Christophe Born dans celui de Marius, le ténor Michael Roupie dans celui d’Enjolras et Pierre Gommé dans celui de Gavroche.

Dates de la tournée : Du 28 février au 19 mars 2017

Durée du spectacle : 2h30 avec entracte environ

Infos pratiques

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Magali Sautreuil
Formée à l'École du Louvre, j'éprouve un amour sans bornes pour le patrimoine culturel. Curieuse de nature et véritable "touche-à-tout", je suis une passionnée qui aimerait embrasser toutes les sphères de la connaissance et toutes les facettes de la Culture. Malgré mon hyperactivité, je n'aurais jamais assez d'une vie pour tout connaître, mais je souhaite néanmoins partager mes découvertes avec vous !

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