Norig et le No Gipsy Orchestra font voyager le Festival des Cultures juives vers la musique tzigane
Fruit du mariage entre le Festival Jazz’n Klezmer et le Festival des Cultures Juives, le concert du jeudi 24 juin, où la chanteuse espagnole Norig, passionnée par la musique tzigane, s’est produite avec le No Gopsy Orchestra avec le programme de leur album paru en 2020 a été un grand moment d’émotion, de tradition et de musique.
Révélée à la musique Tzigane par Le temps des gitans de Kusturica quand elle a 30 ans, la chanteuse d’origine espagnole Norig se plonge dans cette tradition et la musique balkanique ainsi que ses langues : le roumain, le serbe, le hongrois… Remarquée alors qu’elle fait la BO de Exils de Tony Gatlif et qu’elle participe à The Voice 7, la chanteuse s’est positionnée comme la nouvelle voix tzigane française avec son premier album Gadji, où l’on retrouve également des influences jazz manouche et tango.
Le nouvel album en partage
Elle a sorti en cette drôle d’année 2020 un nouvel album sublime qu’elle a enfin pu partager sur scène avec ses 5 musiciens du No Gipsy Orchestra devant le public de l’Espace Rachi, doublement programmée par Fabienne Cohen-Salmon (Festival des Cultures Juives) et Laurence Haziza (Festival Jazz’n Klezmer). Sculpturale, dans son ample pantalon noir à bretelles et son cropped-top jaune, Norig fascine rien que par sa présence. C’est sa voix, puissante et reconnaissable entre toutes, qu’on entend d’abord avant que l’orchestre, assez électrique et eighties dans ses arrangements – le violon de Mathias Levy étant branché – ne la rejoigne.
Intense dès les premières notes
Tout commence comme au début de l’album, dont on suit le fil harmonieux, et, dès le choeur de “Dumbala, dumbala”, nous sommes déjà entrain de danser intérieurement. Petit détour par une chanson serbe en honneur à l’accordéoniste et nous retombons sur le chant des oiseaux des champs qui, en roumain, font “Ciririp” ; la musique se syncope pour toucher presque au reggae et la voix se fait aussi ténébreuse que celle de la grande diva roumaine, Maria Tanasa. Le violon est obsédant dans le nostalgique et vivant “Dzelem, Dzelem”. Et, seule chanson en anglais, “The Gipsy’s wife” de Leonard Cohen, raconte le début et la fin d’un amour qui “trouvait bien sa place dans notre histoire“.
Histoire et Passion
Une histoire intense, passionné, où l’on aime vraiment, où l’on déteste à mort celui/celle qui vous quitte mais qu’on souhaite passer son dernier jour en sursis avec lui/elle. Il y a ce très beau poème hongrois sur les étoiles tziganes qui continuent de brûler et qui a été mis en musique par un proche de Norig et, en écho, le titre français de l’album “À ton étoile”. On finit par des classiques, notamment en bis, le fameux “Ederlezi” du temps des Gitans sur le précédent album de Norig. Le public, qui a battu des mains et applaudi, à défaut de pouvoir se lever et danser, a lié par la musique l’âme juive à celle des gitans, et ressort de ce concert généreux et plein de coeur avec beaucoup de joie et de gratitude. Une très belle soirée et la confirmation que rien ne remplace la scène, en vrai.
visuel : (c) YH