
“Wandering Rocks”, soirée musicale trop conceptuelle
Armé de curiosité, on est allé écouter samedi au soir les deux courts programmes musicaux proposés à la suite par le Nouveau Théâtre de Montreuil et le Centre national de création musicale La Muse en circuit. Déception : l’aspect conceptuel des projets, très, très poussé, ne nous a pas vraiment permis d’atteindre à l’émotion.
Zwerm, quartet de guitares électriques belgo-néerlandais, sur scène pour cinquante minutes : on en avait bien envie. Avec un projet, nommé Electric consort, qui constituait une réinterprétation de la musique classique anglaise, période Renaissance : on était curieux d’entendre ça. On est sorti un peu perplexe de la séance d’écoute. L’émotion nous aura visité uniquement lorsque les motifs originaux auront été audibles. Lorsqu’on aura senti les compositions classiques jouées par quatre guitares, avec une grande virtuosité. Ou du moins, lorsqu’on aura saisi l’armature des morceaux proposés… Car pour l’ensemble, on n’aura pas vibré lors de ces longues phases atmosphériques sombres, ou lors du morceau final, strident et répétitif, ou lors de cette pièce jouée à quatre sur un “orgue” artisanal étrange, actionné par un jeu d’interrupteurs, avec force clics gênants donc… Curieux vis-à-vis de la musique expérimentale, on ne l’a pas goûtée ici : trop d’hermétisme, d’aridité, pas assez d’engagement… Difficile aussi de se laisser capter par la lumière, bien trop sombre.
Après l’entracte, on a été déçu également de voir que “la diffusion de vingt-quatre synthétiseurs parsemés dans l’espace” n’allait se dérouler que par haut-parleurs, reliés à une tablette tenue en main par le compositeur François Sarhan. Pas d’instruments physiques… La musique jouée sur ces synthés numériques, très déliée, répondait aux quatre guitares des musiciens de Zwerm, toujours présents. Difficile de distinguer des structures simples, dans le flot de notes… Et hélas, on n’a pas été touché non plus par l’aspect immersif. Le public pouvait déambuler sur la scène. Sous les hauts-parleurs, l’effet fut quasiment le même en chaque endroit : en l’absence de point d’ancrage dans la musique, on ne distingua pas les nuances. Et l’accumulation de personnes en mouvement sur le plateau perdait l’attention… Bien que courtes, ces deux propositions n’ont pas su nous emmener ailleurs. Certains auront peut-être réussi à être pris…
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Visuel : © La Muse en circuit / Nouveau Théâtre de Montreuil / Zwerm