
Suede, groupe survivant de la Britpop, est de retour avec son Autofiction
Ce vendredi 16 septembre, le groupe emblématique de la britpop Suede revient avec un album personnel et plein d’énergie noire. Alors, après toutes ces années, ça fonctionne encore ?
Brett Anderson donne de sa voix
C’est bientôt l’anniversaire du premier album pour Suede, bientôt 30 ans que Brett Anderson s’est pour la première fois fait entendre avec des tubes violents et subversifs comme “Animal Nitrate”. Au milieu de la Britpop, Suede incarnait définitivement quelque-chose de plus sombre que ses confrères Blur et Oasis. Au top du palmarès british avec Pulp et Jarvis Cocker, Brett Anderson continue d’impressionner avec sa voix nasale et moqueuse.
Après s’être reformé en 2010, Suede a livré de très bons albums et le dernier en date, The Blue Hour (2018), n’échappait pas à la règle. Autofiction se veut un album plus intime, un retour aux sources pour le groupe qui revient à coup de guitares puissantes et de rythmes rock n’ roll.
Des guitares endiablées
La première chanson de l’album, “She Still Leads Me On”, débarque avec une batterie entêtante et propose un début explosif. Sur cette chanson hommage à sa mère décédée, la voix de Brett Anderson se brise magnifiquement sur le refrain, sans perdre une once de sa puissance.
“15 again” propose quant à elle un retour old school aux anciennes chansons du groupe, une intro inquiétante pour une lamentation sur la jeunesse perdue comme Suede en avait l’habitude (“So Young”). “The Only Way I Can Love You” déballe ses instruments déchaînés pour notre plus grand plaisir et se finit sur la belle voix du chanteur nous promettant “Your secret’s safe with me”.
Un album physique, que Brett Anderson a qualifié lui-même de “punk”. Un aspect charnel propre au groupe (“Animal Nitrate” évidemment) qui se dévoile magnifiquement sur “Black Ice”. Là encore la voix se brise, Suede se met à nu accompagné par une batterie se positionnant fièrement dans une intro qui rappelle “I Love Rock N’ Roll” de Joan Jett, et qui continue dans un rythme qu’on pourrait entendre chez AC/DC.
15 ans à nouveau
Le point faible de l’album ne se trouve pas dans les instruments, excellents du début à la fin, mais dans les paroles, un peu trop régressives. Suede s’est toujours démarqué par ses textes violents et crus, mais les paroles apparaissent ici très adolescentes et semblent appartenir à l’univers de la musique emo. “Personality Disorder”, “Shadow Self” et “It’s Always the Quiet Ones” (avec les paroles “And don’t show that you’re hurt/You won’t be the first/To hide the bruises there under your shirt) sont des chansons où cette faiblesse se fait ressentir. Une ambiance très 2010 qui rappelle presque des groupes comme Three Days Grace et leurs paroles peu subtiles, à y regarder avec un œil adulte.
Malgré ce défaut, Autofiction reste une véritable démonstration de rock et il s’élève très haut dans le genre grâce à la voix de Brett Anderson (incroyablement puissante sur “That Boy On The Stage”.) et une maîtrise des instruments sans pareille. Un album énervé et à vif qui prouve encore une fois que Suede a sa place sur la scène musicale d’aujourd’hui et n’appartient pas qu’aux années 90.
Visuel : Pochette de l’album Autofiction.