Qui va Piano, va sano soir 1 : de Feu Chatterton à Eddy de Pretto dans un Saint-Eustache intime
Malgré la jauge très réduite, l’enregistrement en cours et le tonnerre sur Paris, le premier des deux soirs du festival Qui va piano, va sano a été un éblouissement, avec trois chansons chacun/chacune piano solo pour Feu! Chatterton, Nautilus, Clara Yse, Yndi, Terrenoire, Bonnie Banane et Eddy de Pretto … Quel bonheur d’à la fois en retrouver certains et d’en découvrir d’autres dans le cadre somptueux de Saint-Eustache !
Dans la nef de Saint-Eustache aménagée pour que tout converge vers le piano, c’est donc Feu Chatterton ! qui a ouvert le bal. Ceux qui ont ébloui notre porntemps avec leur nouvel album “Palais d’argile” et qu’on attend pour le 29 novembre prochain à l’Olympia ont chanté le “Nouveau monde”, la voix d’Arthur Teboul qui monte dans l’Eglise. Après eux, c’est le membre d’Isaac Delusion, Loïc Fleury et son projet Nautilus qui a pris une suite “Bleu électrique” (titre de son premier EP). Puis c’est la voix unique de Clara Ysé qui s’est élévée, alors que la chanteuse est familière de Saint-Eustache (elle y avait enregistré son live “Le monde s’est dédoublé”.
Yndi, essentielle
Place ensuite à la bossa puissante de Yndi. Accompagnée d’un pianiste et d’un percussionniste, l’artiste franco-brésilienne nous a interprété un “Novo mundo” qui résonnait avec celui des Feu! Chatterton et qui est le premier single de son premier album Noir Brésil. Dès les premières not d’arc musical, on entre dans quelque chose d’unique et originel. Voix puissante, jeux d’acoustique très maitrisés avec le micro et piano intense et impressionniste, les deux premiers titres sont dans un français de chanson réaliste percutante. En final, Yndi nous offre, en portugais son “Saudade” à la fois très traditionnel et très énergique.
Terrenoire, mélancolique
Le temps de réajuster le plateau et c’est à un voyage dans les terres noircies de leur ville, Saint-Etienne, et leur famille qui nous convient les deux frères Herrerias. Révélé en 2018 aux inouis du Printemps de Bourges et aux Inrock Lab, le duo Terrenoire propose des textes-charbon et se relaie au piano : donnant le ton de sa voix grave avec un gestuelle expressionniste poignante, Raphaël ancre la mélancolie tandis qu’avec ses boucles blondes et sa voix qui peut monter très haut, Théo semble apporter la grâce. Surtout, à Saint-Eustache, où, à temps, leurs voix résonnent comme celles de chanteurs lyriques. Ils rendent hommage à leur père terrassé par un cancer avec “Derrière le soleil” et terminent avec l’emblématique chanson, “Jusqu’à nos derniers souffle”.
Bonnie Banane, Cardinale
Accompagnée par l’extraordinaire pianiste Gael Rakotondrabe (lauréat de montreux, ex-Cocorosie), c’est tout simplement en robe rouge de Cardinal que Bonnie Banane fait irruption à Saint-Eustache, accompagnée par un pianiste. Un personnage de cabaret bien choisi. Sa voix puissante résonne, elle parle, elle chante, elle ironise “Quelle Osmose”, elle fait dans le rétro (“Béguin”) et n’hésite pas à interrompre son chant pour ménager les surprises et ses effets. Et surtout, la chanteuse des “Limites, termine par une belle reprise engagge-mine-de-rien” : “J’ai 26 ans” de Brigitte Fontaine.
Eddy de Pretto, authentique
En final, de ce tour de chant merveilleux, c’est Eddy de Pretto, simplement en Tshirt et heureux d’être là après un an et demie sans scène qui a fait irruption. Et vous savez quoi ? Juste au piano, avec son timbre si particulier mis en avant, “A quoi bon ?” ça claque et ça émeut. Et vous savez quoi encore ? Il y a pensé, Eddy, à Jésus en écrivant ce A quoi bon ?. S’ensuivent “Parfaitement” et l’on termine sur le poétique Bateaux-Mouches qui, piano solo, et sainement authentique.
Il est 21:30 précises quand nous quittons Saint-Eustache, dans la lumière et la pluie du mois de juin sur les halles. ce vendredi 18 juin, il y a une deuxième soirée de Qui va Piano, va sano, avec November Ultra Prudence, Quasi Qui, Silly Boy Blue, Joanna, Janie et Squidji.
visuels : YH