Musique

Live report du 4 novembre 2011: Concert d’Alex Beaupain au Bataclan

05 November 2011 | PAR Olivia Leboyer

L’automne va particulièrement bien aux chansons d’amour mélancoliques d’Alex Beaupain. Elégants, insolents, heurtés, ces morceaux s’écoutent d’ordinaire chez soi, dans une immobilité songeuse. La mélancolie et la tristesse sont-elles aussi perceptibles en concert ? Salle comble hier soir au Bataclan pour se plonger ensemble dans les tourments et les désarrois d’Alex Beaupain.

Après une agréable première partie (la charmante Loane, auteur-compositeur de chansons sensibles), Alex Beaupain a fait une entrée à son image, tout en douceur, avec une chanson de l’album précédent (33 tours), « Juste ces mots », avant d’enchaîner avec l’emblématique « Au départ ».
– « Ça va, pas trop punk-rock pour vous, ce début ? Pas d’inquiétude, ça va être nettement plus calme ensuite ! » lance-t-il avec humour. Tout au long de la soirée, Alex Beaupain va pratiquer cette forme d’ironie volontairement appuyée, en soulignant lui-même la lourdeur du procédé avec un sourire légèrement timide. Si les blagues sur la fameuse opposition Paris-province ou sur le parcours erratique de ces musiciens dont il aurait « sauvé la carrière » (celui qui a fait l’Olympia derrière la chanteuse Priscilla ; celui qui a cassé une jambe à Cali !) sont un peu inégales, Alex Beaupain établit ainsi une jolie complicité avec son public. Très loin du chanteur snob et parisianiste que certains se plaisent à stigmatiser, il se montre simple, touchant, un peu maladroit, et toujours soucieux de chanter juste. Pour le duo « Avant la haine », Camélia Jordana le rejoint sur scène : sa voix puissante, veloutée et rauque à la fois, s’accorde parfaitement à celle d’Alex Beaupain. Très beau moment.

Les chansons s’enchaînent agréablement, « Comme la pluie », « 33 tours », « Paris Tokyo Berlin » (du précédent album), la très belle « Je réponds toi », « Ciel de traîne », « La nuit promet » (de l’album Pourquoi battait mon cœur). Beaupain reprend également plusieurs sublimes chansons des Chansons d’amour : « Les yeux au ciel » (peut-être sa plus belle chanson ?), « Au parc », « La distance ». Alex Beaupain s’autorise même un plaisir d’enfant : la reprise d’une de sa (ou d’une de ses ?) chanson préférées, « Le Petit pull marine » d’Isabelle Adjani (paroles de Gainsbourg).
A ce stade du concert, les spectateurs sont évidemment ravis, mais se posent sans doute une petite question : où sont passées les chansons des Bien-Aimés ? (voire, une question plus audacieuse : Catherine Deneuve va-t-elle apparaître ?). Là non plus, pas de déception, puisque Beaupain ménage l’entrée en scène de Ludivine Sagnier, décidément adorable dans une petite robe blanche très sixties. Très applaudie, elle chante « Prague », d’une voix précise et émouvante. Puis, ultime surprise, Louis Garrel fait son entrée ! Toujours nonchalant, il a gardé son trench et semble passer par-là par hasard… D’une très belle voix, il chante « Reims », une chanson merveilleuse des Bien-Aimés (un des moments du film où l’on pleure le plus). Enfin, Alex Beaupain revient et lance une idée saugrenue : reconstituer le trio des Chansons d’amour pour la chanson « Je n’aime que toi » (« Je suis le pont sur la rivière, qui va de toi à moi, traversez-moi, la belle affaire ») ! Très à l’aise, il prend la place de Clotilde Hesme dans le trio amoureux. Amusé, Louis Garrel est ainsi sommé de choisir entre les deux femmes qui lui font face ! Cette très plaisante guerre à trois est suivie de quelques chansons plus tristes, Alex Beaupain concluant son « tour de chant » à l’ancienne par la magnifique chanson qui clôt le dernier album : « A nos amours ».

Un très beau concert, avec des moments de grâce et l’impression que, pour Alex Beaupain, nous avons été, le temps d’une soirée, des bien-aimés !

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Olivia Leboyer
Docteure en sciences-politiques, titulaire d’un DEA de littérature à la Sorbonne  et enseignante à sciences-po Paris, Olivia écrit principalement sur le cinéma et sur la gastronomie. Elle est l'auteure de "Élite et libéralisme", paru en 2012 chez CNRS éditions.

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