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K.ZIA : “Avec mon album, je me suis trouvée en tant que femme” (Interview)

K.ZIA : “Avec mon album, je me suis trouvée en tant que femme” (Interview)

14 February 2022 | PAR Kevin Sonsa-Kini

Née d’un père martiniquais et d’une mère belgo-congolaise (Zap Mama, de renommée internationale), K.ZIA a grandi parmi de nombreuses cultures et a parcouru le monde de la musique et du cirque tout au long de son enfance et adolescence. 

Après son premier EP Red sorti en 2018, K.ZIA présente aujourd’hui Genesis. Un album conceptuel qui réunit deux facettes : l’univers Soul et Rn’B de la chanteuse, autrice-compositrice et directrice artistique complété par l’univers Pop et Trap de son alter-ego ZIA, personnage féroce à l’énergie plus masculine.  

À l’occasion de la sortie de l’album, Toute la Culture s’est entretenu avec la chanteuse fraîchement arrivée de Berlin à Paris. 

La pochette de l’album “Genesis” de K.ZIA disponible depuis le 11 février 2022.

 

Toute la Culture : Qu’est-ce qu’évoque ce titre Genesis

K.ZIA : C’est un titre qui marque le début de plusieurs choses. D’abord, c’est mon premier album et aussi mon premier grand projet. C’est aussi la présentation de mon alter-ego ZIA. C’est aussi le début de mon expression artistique après des années de recherche. J’ai fait mon premier EP Red en 2018 puis j’ai sorti beaucoup de singles sans un véritable fil conducteur. Là, je me suis trouvée, j’ai trouvé ma voie, ce dont j’ai envie de parler aussi. Je me suis aussi trouvée en tant que femme. Je suis passée de petite fille à pré-adulte. Maintenant, je me considère comme une femme qui s’exprime vraiment. 

C’est un album où vous chantez principalement en anglais mais on retrouve quelques titres en français comme “Privilège”, “JFMB” et “Sans toi”. Quels sont les thèmes que vous souhaitiez mettre en avant dans cet opus ? 

Le sujet qui revient le plus souvent dans ma musique, c’est l’amour dans tous ses aspects. Que ce soit l’amour pour ses proches ou pour ses amis, l’amour romantique ou l’amour pour soi. C’est principalement ce dont j’avais envie de parler. J’ai vécu une dépression ces deux dernières années. C’est ce qui m’a amenée à une introspection et un lien plus fort avec la spiritualité. 

D’où vous est venue l’idée de ce double personnage : K.ZIA et ZIA ? 

J’ai une double culture qui est due au fait que je suis bilingue. J’ai vécu des expériences différentes. Quand une personne parle plusieurs langues, la tonalité change. Quand je parle allemand, je parle de manière beaucoup plus aigue. Je ne maîtrise pas encore très bien cette langue. C’est ce qui se ressent lorsque je chante en français et en anglais. Le ton est différent car ce sont deux langues différentes comme la tonalité. Petite, quand j’ai commencé à parler anglais, j’étais dans des écoles privées. J’étais entourée d’enfants de diplomates. Et quand je suis arrivée en France, j’étais dans des écoles publiques. Du coup, quand j’écris en français et quand j’écris en anglais, je parle de thématiques un peu différentes et je m’exprime de manière différente. 

Il y a effectivement différentes tonalités et des styles divers et variés : Rn’B, Soul, Trap, Pop. Est-ce que c’était une façon de rendre votre musique ouverte à tous ? 

C’est vrai que j’ai été nourrie par beaucoup d’influences et des cultures différentes du fait de mes deux parents qui sont artistes. Toute petite, je voyageais déjà beaucoup. C’est ce qui m’a permis de faire beaucoup de rencontres. Je suis martiniquaise par mon père et belgo-congolaise par ma mère. J’ai aussi grandi en France et en Belgique. Dans ma musique, on sent qu’il y a des influences qui viennent de partout. 

Comment se sont passées les collaborations avec Zap Mama, votre mère, et Says’Z ? 

Ma mère apparait très brièvement dans l’album. “Commando Fanm” est un titre familial que j’ai écrit avec mon père. D’où le fait qu’il y a du créole dans la chanson. Pourquoi ma mère ? Parce que c’est un titre qui parle de femmes indépendantes qui se manifestent et qui ont envie d’être acceptées comme elles sont. On a tendance à aimer que les femmes soient vulnérables, fragiles… Mais, moi, je ne suis pas comme ça et ma mère, encore moins. Pour moi, il n’y avait pas meilleur qu’elle pour illustrer ce titre en chanson. Et puis le feat avec Says’Z dans “Mele” s’est super bien passé ! J’ai écrit cette chanson à Berlin où je réside et je suis venue sur Paris et on a enregistré le son ensemble. C’est un son qui met en avant des vibes d’îles de par mes origines martiniquaises et ses origines comoriennes. 

Si vous deviez définir Genesis en quelques adjectifs, que diriez-vous ? 

Je dirai : éclectique, émotif, évasif, entraînant, profond, honnête. 

Qu’a pensé le public des trois premiers clips “Sanctuary”, “JFMB” et “I Got Your Back” ? 

“JFMB” (J’fais mes bails), c’était ma toute première sortie en français. J’étais un peu nerveuse d’ailleurs. En plus, je trouve que c’est difficile de plaire au public français. Ça a été plutôt bien accueilli. Après, je trouve que le côté francophone a été un peu plus timide à monter à bord parce que c’est quelque chose de nouveau. Mais globalement, ce ne sont que des retours positifs. “Sanctuary” renvoyait plus à des choses que le public attend de moi. “I Got Your Back” est un clip que j’ai réalisé et produit moi-même. 

Vous êtes également directrice artistique. Comment travaillez-vous vos clips en général ? 

Pour les clips, c’est hyper important d’utiliser les visuels et faire passer des messages que je ne peux pas exprimer en musique. J’aime le cinéma de manière générale, les visuels et l’art plastique. C’est toujours une belle occasion pour moi de plonger dans ces univers-là. Je trouve que les visuels permettent de mettre en avant des messages qui n’ont pas été compris. C’est le cas dans “I Got Your Back” où je parle du fait que la dépression peut être vécue de manière différente. J’ai voulu retranscrire ce message en travaillant avec trois danseurs qui dansent de manière différente sur cette chanson. Je suis aussi une grande passionnée de mode. 

Comment vous définiriez votre évolution artistique depuis votre premier EP Red sorti en 2018 ? 

Au début de ma carrière, même si j’estime être encore au début, je ne m’étais pas encore trouvée artistiquement. Je me souviens qu’autrefois dans mes concerts, je racontais beaucoup ma vie. C’était très flatteur de voir que ce que le public a aimé le plus, c’était le fait que je sois moi-même. Au niveau des chansons, j’ai essayé de moins me calquer sur mes influences. C’est vrai qu’au début de ma carrière, j’avais tendance à imiter certaines choses et maintenant, c’est moi qui m’exprime en fonction de mon ressenti. 

Malgré cela, y’a-t-il des artistes qui vous ont servi de modèles ? 

Ma mère, la première. C’est une influence en tant que femme et en tant qu’artiste et créatrice. Elle m’inspire énormément. J’ai été inspirée aussi par Grace Jones, Lauryn Hill, Michael Jackson. En France, j’ai été inspirée par Edith Piaf, Georges Brassens, Jacques Brel qui a des origines belges comme moi. 

Y’a-t-il des concerts de prévus cette année ? 

C’est dur de s’avancer avec la situation sanitaire. Depuis le début d’année, j’ai été contactée par pas mal de promoteurs. Mais il n’y a encore rien de concret. 

Photos : Agence Rise Up. 

K.ZIA, Genesis (11 titres)=1. Sanctuary, 2. Coco, 3. Privilège, 4. IGYB, 5. I Got Your Back, 6. Commando Fanm (feat Zap Mama), 7. Mele (feat Says’Z), 8. On The Low, 9. JFMB, 10. Sans Toi, 11. Home

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