Jazz
Cécile McLorin Salvant et son quintette : un enchantement au New Morning

Cécile McLorin Salvant et son quintette : un enchantement au New Morning

20 March 2023 | PAR Eleonore Carbajo

Au programme de ce mardi 14 mars, on retrouve au New Morning la chanteuse de jazz Cécile McLorin Salvant, à l’occasion de la sortie de son nouvel album « Mélusine ». Accompagnée de ses quatre musiciens, tous plus brillants et passionnés les uns que les autres, le quintette a laissé sans voix une salle médusée par le talent qui s’est donné à voir sous ses yeux.

Une longue file d’attente s’étend sur le trottoir bordant le New Morning ; le public se presse en foule dans la salle du club, où chacun s’assoit ou reste debout en fonction de l’envie et des places restantes – peu nombreuses pour cette soirée à guichets fermés. C’est pour dire que l’occasion est grande ; avec 3 Grammy Awards à son actif et plusieurs nominations pour ses précédents disques, Cécile McLorin Salvant et ses musiciens placent la barre haute, en parvenant toujours à se réinventer et à magnifier le répertoire jazz, sans jamais se limiter tout à fait à ce dernier.

L’ouverture annonce la couleur de la soirée ; le son de la guitare prend possession des lieux et se marie à merveille avec la voix si délicate de la chanteuse – d’une vulnérabilité onirique qui met d’autant plus en valeur la puissance du timbre de celle-ci. Le morceau chanté en anglais se clôt sur une tirade poétique en français, après laquelle la chanteuse présente avec humilité ses musiciens, sous les applaudissements du public ; Glenn Zaleski au piano, Marvin Sewell à la guitare, Yasushi Nakamura à la contrebasse, et Keita Ogawa aux percussions. Sans transition, vibre dans la pièce a capella les premières notes de la chanson suivante, une composition de Cécile McLorin Salvant qui est en fait la traduction en créole haïtien, élaborée avec le père de l’artiste, d’un poème occitan du XIIe siècle. Un véritable voyage musical et linguistique du fait de la variété des langues mises à l’honneur dans ce nouvel album, qui témoigne de toute la grandeur et de la polyvalence de la chanteuse et du quintette. Les baguettes de la batterie tapent frénétiquement les cymbales et caisses claires de l’instrument pendant que la chanteuse étend à l’infini les intervalles entre chaque note, d’une facilité déconcertante et décontenançante. Chaque instrument est mis à l’honneur dans des solos, tous plus réussis les uns que les autres : la chanteuse reprend à son compte Over The Rainbow, dans un piano-voix vibrant d’émotion et de charisme.

Les morceaux s’enchaînent avec rapidité : le temps semble suspendu aux lèvres de l’interprète. Celle-ci occupe la scène avec autant de charisme qu’elle ne chante, illuminant la pièce de son style emblématique, et dialoguant avec les spectateurs. La complicité avec la salle se tisse au fil des chansons, certains spectateurs ne pouvant faire autrement que laisser échapper leur admiration pour le quintette. Chaque note aigüe contient en elle le suc de la maitrise vocale de l’artiste, à la fois vibrante puis parfaitement emplie du coffre et de la puissance de la voix ainsi mise à nu.

On retrouve durant le concert à la fois des morceaux composés et mis en musique par la chanteuse, et des reprises de grands noms de la musique tels que Sting. Le choix de la succession des morceaux est fait selon l’inspiration et l’envie de Cécile McLorin Salvant, qui fredonne les premières notes avant d’être suivie par ses musiciens, ou qui leur murmure le nom de la prochaine musique. Au piano, Glenn Zaleski ne cache pas son plaisir, son sourire communicatif ne quittant pas une seconde son visage durant toute la durée de la performance. Yasushi Nakamura à la contrebasse témoigne de toute la vélocité nécessaire pour manier sublimement cet instrument colossal, tout en dansant, pendant que Keita Ogawa aux percussions et Marvin Sewell à la guitare performent tout en pudeur une partition improvisée aussi impressionnante que sublime.

Un quintette charismatique pour une soirée fantastique mettant en valeur le jazz, qu’il soit chanté en français, en anglais, ou en créole avec caractère et onirisme ! Deux rappels ne suffiront pas à apaiser l’enthousiasme des spectateurs, encore parfaitement sous le charme de l’heure passée en compagnie du groupe à la sortie du New Morning.

Visuel : Couverture album Mélusine / EC

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Eleonore Carbajo

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