Fun Fun Fun Fest 2015
10 ans de Fun Fun Fun Fest , le plus petit des gros festivals d’Austin est aussi comme son nom l’indique le plus fun. Cette année, les gros problèmes d’organisation de l’édition précédente ont complètement disparu, oublié la queue interminable pour pénétrer dans l’enceinte du festival, ainsi que la diaphonie entre les scènes et la cohue au centre de parc générer par l’installation en triangle des quatre plateaux.
Fun Fun Fun est un festival éclectique, mais contrairement à la plupart qui mélange les genres sur les différents plateaux, cette édition a pris le parti d’avoir une programmation la plus cohérente possible par scène, pop et rock sur l’une, dance, rap, electro, sur une autre, punk, metal, hardcore sur la scène noire et enfin les comédiens, dont Gad Elmaleh (en anglais) et interventions parlées sous une tente. Il y avait aussi du catch « alternatif », du BMX, du skateboard, un mini lab proposant des expériences scientifiques « Fun », et coté art : une expo d’affiches et une autre d’art sur skateboards.
Fun Fun Fun Fest c’est aussi 11 clubs en ville où certains artistes font une deuxième apparition durant le festival.
Si vous devez choisir un moment pour venir à Austin, la période du Fun Fun Fun Fest est certainement la meilleur, c’est l’automne : il fait moins chaud – avec quelques risques de grosse pluie quand même – ce festival est pour l’instant moins peuplé que ACL et le fait qu’il se double d’une programmation dans une partie des clubs d’Austin est un vrai plus. Oubliez SXSW et sa démesure et profitez de l’ambiance bien plus cordiale et humaine de FFF.
La plus belle surprise fut sans aucun doute Afrika Bambataa, le pionnier du Hip Hop, monsieur Zulu Nation a fait une démonstration formidable. On aurait préféré le voir la nuit tombée, devant plus de public, mais sa prestation au milieu de l’après midi fut une leçon de Hip Hop « old school ». Bien servi par ces MCs, qui après avoir chauffé la foule en « free style » invitèrent les fans à venir danser sur scène. Mixant du funk, de la soul, ses propres breakbeats, pour conclure sur un Honky Tonk Woman avec lui-même au chant. Jubilatoire !
Les Charlatans jouèrent également un peu trop tôt dans l’après midi, mais leur set n’en fut pas moins un des plus enthousiasment du week-end avec un Tim Burgess visiblement heureux d’être ici, sourire quasi non stop aux lèvres. Ride un peu plus tard sur la même scène jouèrent essentiellement des titres du début de leur carrière, coïncidant ainsi avec la réédition de leur premier album « Nowhere ».
Peaches joua à la nuit tombante le vendredi. A coté des autres prestations de la scène orange, mis à part Afrika Bambataa, son show bien qu’accompagné uniquement de platines CD, qu’elle déclenche elle même, et de danseurs, est vrai, authentique, fun et sent la sueur des parties intimes. Les changements de costumes ont lieu sur scène, la voix n’est pas en playback, le spectacle donne une impression de démesure alors qu’il n’y a qu’une estrade, deux machines posées dessus, un danseur et danseuse et un gigantesque préservatif gonflable qui déployé au dessus de la foule servira d’avancée de scène tunnelesque pour Peaches. Le juste niveau de provocation, lié à une très bonne prestation scénique, des textes qui utilisent les mots et les sujets dont on ne parle pas en public, les spectateurs ont adoré.
Coté têtes d’affiches, il y a avait Cheap Trick qui est soit le groupe le plus prétentieux du monde ou le plus sarcastique… Jane’s Addiction qui nous ont gratifié d’un show « made in L.A », Go-Go danseuses, suspension suicide de deux jeunes femmes, moult lumières sur scène, mobilier néo Louis quelque chose pour la partie acoustique. Musicalement c’était impeccable, un peu trop peut être, un show de millionnaires qui ont joué l’intégralité de l’album Ritual de lo habitual, agrémenté de quelques titres supplémentaires. Quand le brin de folie consiste à avoir des stripteaseuses sur scène, la folie a disparu…
Faut-il parler de Grimes ou de la majorité des artistes présenté sur la scène orange, oui si on veut noter la chorégraphie, la qualité du playback, l’aptitude à faire croire au public qu’on joue live lorsqu’on tourne un bouton ou qu’on appuie sur un clavier et que rien ne change dans le son diffusé par la sono. Disco de prisunic et prétention ridicule. Malheureusement une très grande partie du public ne vient voir ces artistes que pour entendre les tubes qu’ils ont écoutés sur Spotify et ne font pas la différence entre ce genre d’escroquerie et de vrais artistes.
De vrais groupes il y en avait sur la scène noire. Les très énervés Converge qui auraient mérité de jouer en vedette. Jacob Bannon éructant dans son micro à s’en faire presque péter les veines du cou, jouant de son câble de micro comme d’un fouet, parcourant la scène de part en part, pour redevenir d’un calme contrastant entre chaque chanson, demandant à l’audience survoltée si tout allait bien d’une voix très civile. Ils jouèrent essentiellement des titres de leur album de 2012 « All we lovewe leave behind »
Babes in Toyland l’un des deux groupes féminins avec L7 qui se produisaient sur cette scene noire, les californiens OFF, American Nightmare presqu’aussi survoltés que Converge et Venom – Black Metal sous un éclairage rouge Satan.
Il y avait vraiment beaucoup de choses bien cette année, il est difficile de parler de tout, si vous ne les connaissez pas déjà, jetez une oreille sur Viet Cong, Dag Nasty, East Cameron Folklore, Fuzz, Antemasque, Dwarves.
Les dernières notes de musique du festival, littéralement, puisqu’interrompues par le très strict couvre –feu sonore à 22h, furent interprété par Lauryn Hill. Même quand on est une star il vaut mieux sur scène à l’heure… C’est bien fait, très pro, le public adore, mais il manque ce petit brin d’imperfection qui rendrait l’acte plus humain, mais à en juger par les incessants signes de Lauren Hill demandant des ajustements de son sur scène ou envers ses musiciens ça ne semble pas être ce qui est recherché.
Fun Fun Fun Fest est l’un des meilleurs festivals d’Austin, profitons-en. A l’année prochaine.
photos : Eric Debris