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[Chronique] « Prender El Alma » : le voyage anthropologique de Nicolas Cruz
Avec son premier album Prender El Alma, paru chez ZZK Records et auto-produit, cet ex collaborateur de Nicolas Jaar dresse un hommage subtil et sublime à son pays natal, l’Équateur, dont le passé ancien se retrouve ici revisité par l’intermédiaire des outils de demain.
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« Prender el alma ». C’est-à-dire « prendre l’âme ». Ou plutôt, moins littéralement et plus littérairement, en capturer l’essence, les origines. Se dresser comme une barrière devant l’oubli logique et difficilement remédiable. Ne pas oublier ses racines, et au contraire, les faire resurgir. C’est la démarche, plus anthropologique que touristique qu’entreprend Nicolas Cruz via cet album brillant, qui propose un voyage dans cette terre d’Équateur à la fois évoquée avec le prisme d’hier et avec celui d’aujourd’hui.
Sur « Cumbia Del Olvido », sur « Puente Rodo », sur « La Colibria », sur « La Cosecha », le producteur sud-américain concilie ainsi world-music et electronica deep, y ajoute quelques instrumentations issues de la cumbia des voisins colombiens, et tisse un lien solide entre ces instants échappés d’outre-tombe (chants et rythmiques indigènes, flûtes andines), ces éléments captés dans le monde organique (les dialogues des espèces volantes, les frottements de la jungle) et ces créations électroniques (les basses lourdes viennent doubler les percussions tribales).
Quelques chants, aussi (celui de la chanteuse locale Huaira sur « Equinoccio » ou de Tanya Sanchez sur « Cocha Runa ») viennent parcourir et compléter ce voyage initiatique que l’on pourra écouter dans le cadre studieux d’un laboratoire, dans celui visqueux d’un club, dans celui aventureux d’un cockpit d’avion, en direction Caracas. Avant-gardiste et donc indispensable.
Nicolas Cruz, Prender El Alma, 2015, ZZK Records, 45 min.
Visuel : (c) DR