Classique
Rungis Piano-Piano Festival : Le piano va aussi de pairs

Rungis Piano-Piano Festival : Le piano va aussi de pairs

08 October 2022 | PAR La Rédaction

 

 

Il y a 3 ans, Rungis lançait son festival Piano-Piano dédié aux 4 mains à 2 pianos, en pleine crise sanitaire. Enclave culturelle du 94, la ville continue de creuser le sillon d’un engagement musical qui se veut participatif et pédagogique. Avec son nouveau conservatoire, le Théâtre, et la Grange Saint-Geneviève, cette banlieue tranquille étoffe sa proposition de lieux acoustiques. Ludmila Berlinskaïa et Arthur Ancelle, duo de pianistes rungissois et créateurs de ce festival l’ont bien compris et ont décidé de pousser les murs de ces espaces privilégiés jusqu’à la convivialité de la médiathèque, et la chaleur des restaurants.

Par Farah Malaoui

Sous l’impulsion de leur passion, la musique est célébrée dans tous ses états. Artistes internationaux, élèves prodigues, Talents récompensés, passionnés volontaires, le festival de piano est à portée de tous. Leur mission : promouvoir le répertoire méconnu des œuvres dédiées au jeu à quatre mains. Car c’est un genre bien identifié qui a traversé les siècles et qui constitue un volet riche du patrimoine musical mondial, trop rarement illustré sur la scène musicale. Aujourd’hui le seul grand concours international au monde de duos a lieu tous les 6 ans à Munich. Avec Rungis, le festival Piano-Piano constitue un maillon précis dans le rayonnement de cette discipline de partage.

En choisissant les sœurs Katia et Marielle Labèque en marraines, la direction artistique montre son ambition de tisser le fil exigeant de la complicité. La programmation cette année fait vivre toutes les connivences : duo familial ou filial, tandem amoureux ou amical, ou simple compagnon de route le temps d’une partition symphonique.

A travers un répertoire éclectique organisé comme un jeu de pistes, chaque soirée démarre par un hapening convivial en apéritif, se poursuit par un récital solidement construit et se prolonge par des rencontres avec les artistes, et les éditeurs. Une toile tendue vers l’autre, pour initier à ce genre de formation et voir aussi dans le lien qui nous unit, la trame sensible de l’écoute mutuelle conduisant à l’entente harmonieuse.

Les deux pianos en quinconces accueillent dans cette 3ème édition le duo israélo-germanique Yaara Tal & Andreas Groethuysen. Dans un voyage à travers les siècles, ils font se rencontrer Mozart, Saint-Saëns et Febel dont ils livrent une interprétation impeccable et vivante. Tricottant les notes chacun de leur côté pour mieux se retrouver et proposer une nouvelle écoute.

Guilhem Fabre & Sarah Margaine : Trois valses et deux pianos composés par Greg Anderson

La féerie des 3 mélodies successives de Disney, nous invite d’emblée à entrer dans la danse : Chim Chim Cher-ee (Mary Poppins), Un jour mon prince viendra (Blanche-Neige), et Gaston (La Belle et la bête). Transposées comme une pièce de concert, les 2 musiciens proposent un arrangement classique avec toutes les colorations de leur talent. Originaire de Russie pour lui et d’Argentine pour elle, le duo à l’habitude du voyage musical. Envolées lyrique, point culminant et symbiose, l’évasion est orchestrée avec fluidité grâce au génie du compositeur Greg Anderson, qui œuvre à débrider la musique, en mettant sa sensibilité au service des airs populaires. La musique tapisse de velours les murs du théâtre moderne. Dans un enchevêtrement parfait, les morceaux se combinent jusqu’à la superposition finale. Les lèvres miment des paroles silencieuses, et c’est toute la salle qui converse en musique sur les accords enveloppant des valses. Un moment plein de fougue et de majesté. Magique !

Thomas Enhco & Dan Tepfer : les copains d’abord

Une séquence bien nommée, car ces deux comparses poussent leur complicité quotidienne jusqu’aux touches de leurs pianos interposés. Quoi de plus naturel alors que l’improvisation ? Le dialogue démarre par des standards de jazz les plus célèbres : Solar, Miles Davis, avant de décliner harmonieusement les notes sur le rythme bossa nova de Pensativa, Clare Fisher, immense artiste américain. Pour nous inviter dans la conversation, une déclaration d’amour de Barbara fait la transition avec l’œuvre exigeante de Gyorgy Ligeti. Thomas imprime les premières notes de l’étude avant d’être rejoint par Dan pour une improvisation totale. Un flot rapide comme une poursuite effrénée. Le duo dédouble les notes, les quatre mains s’interrogent et se répondent, puis reprennent de concert. Les virtuoses s’autorisent à titiller les cordes à même le piano, et introduisent même un violon et un saxophone dans leur course. Une expression libre, intelligente de jeux et de fantaisie maîtrisés qui clôture l’expérience avec un exercice de style : All the things your are à l’envers… Ouaf Ouaf ! En rappel, ce n’est pas la panthère rose que les copains font swinguer mais un thème musical bien jazzy, co-composé par Thomas Enhco et son chien !

Et pour faire œuvre commune, l’association Piano-Piano poursuit sa mission de popularisation du piano à 4 mains en multipliant les canaux, notamment par la mise en ligne d’un catalogue digital facilitant l’accès à des milliers d’œuvres adressés à tous les niveaux d’exigence, et de curiosité.

Visuel : Affiche du festival

Le nouvel album du chanteur Foé, “Paradis d’or” : 13 manières de dire l’amour
Harka au Festival International du Film de Saint Jean de Lutz : un coup de poing
La Rédaction

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration