Ouverture festive du 50e Festival des Arcs
L’Académie-Festival des Arcs ouvre sa cinquantième édition avec un programme festif par l’Orchestre des Pays de Savoie et le Sirba Octet.
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Imaginé par Roger Godino il y a 50 ans pour soutenir les jeunes artistes dans une émulation intergénérationnelle tout en donnant un autre souffle à la station des Arcs en dehors de la saison des skis, l’Académie-Festival des Arcs célèbre la musique dans toutes les combinaisons et tous les répertoires, sans jamais céder sur l’exigence d’accessibilité – l’ensemble des manifestations est gratuit. Le programme du concert d’ouverture par l’Orchestre des Pays de Savoie, placé sous la direction de Pieter-Jelle de Boer, résume ce manifeste culturel. Ecrit pour l’orgue en hommage aux formes baroques, le Prélude, fugue et variations de Franck s’est prêté au fil des décennies à de multiples transcriptions. Celle pour formation à cordes présentée au Centre Bernard Taillefer fait vivre les strates polyphoniques avec une franchise qui ne renie pas une certaine sensibilité romantique, dans l’esprit d’un rendez-vous qui s’attache à adoucir les césures entre publics novices et connaisseurs.
Celui-ci se prolonge avec le Double Concerto pour violon et piano de Mendelssohn sous les doigts de deux jeunes talents, Hugo Meder à l’archet et de Virgile Roche au clavier. Page d’un compositeur de 14 ans qui est restée non éditée jusqu’à une époque très récente, elle porte l’empreinte des différents modèles qui ont nourri l’inspiration d’un génie précoce laissant cependant transparaître une sève mélodique que les deux solistes font chanter avec une indéniable complicité. La vitalité des deux Allegro, à la pulsation ponctuée, encadrent un Adagio au lyrisme fluide qui compensent un accompagnement orchestral avant tout fonctionnel. Après un bref entracte, l’ensemble des pupitres de la formation savoyarde font résonner une autre générosité mélodique, celle de la Sérénade en mi majeur de Dvorak, dont le mouvement le plus connu reste le Tempo di valse – mais le reste de la partition, allant d’un Moderato augural et se refermant sur un Allegro vivace, après un Scherzo et un Larghetto, ne démentira pas la juste renommée d’un des piliers de la musique de chambre.
Le lendemain, la Coupole aux Arcs 1600 accueille le matin une masterclasse publique de Xavier Gagnepain avec le Quatuor Mirages sur le Quatuor à cordes n°7 de Bacri, un des représentants contemporains du retour à l’immédiateté mélodique, tandis que l’après-midi sont proposés des extraits des Noces de Figaro de Mozart. Mais le grand rendez-vous de la soirée reste le concert du Sirba Octet, qui cette année célèbre ses 20 ans. Sous la houlette de son directeur musical, le violoniste Richard Schmoucler, qui distille, avec une inimitable saveur jusque dans la gestuelle, des avatars de l’humour juif au fil du programme cosmopolite réunissant musiques russe, tzigane et klezmer, emmène ses comparses dans un voyage sans frontières de rythmes et de couleurs porté par un instinct irrésistible de la variation. Comme dans une réunion conviviale, les thèmes passent d’un pupitre à l’autre, se reprennent et se transforment sans jamais rompre l’alliance irrésistible entre musicalité et enthousiasme ludique – et communicatif. La réaction du public ne saurait tromper, et ne se limite pas aux accents du cymbalum de Iurie Morar ou de la volubile balalaïka d’Alexei Biriuokov, sans oublier la faconde de la clarinette de Rémi Delangle. Un autre exemple de l’ouverture de l’Académie-Festival des Arcs, qui réserve entre autres une journée à la musique contemporaine le 24 juillet, avec des pièces de Bernard Cavanna. Aux Arcs, la curiosité n’est pas un défaut et est à la portée de tous.
Gilles Charlassier
Académie-Festival des Arcs, concerts des 16 et 17 juillet 2023.
©Sirba Octet
