Théâtre
Avignon OFF : le langage singulier de “Zourou, Au-delà des mots” 

Avignon OFF : le langage singulier de “Zourou, Au-delà des mots” 

24 July 2022 | PAR Lucine Bastard-Rosset

Inspiré d’une histoire vraie, Zourou, Au-delà des mots nous fait découvrir le quotidien d’une jeune fille atteinte d’un trouble sévère du langage. Un spectacle d’une sensibilité déconcertante à découvrir durant le Festival d’Avignon.  

Comprendre l’autre

Être en capacité de comprendre l’autre, se mettre à sa place, se laisser surprendre. Zourou, Au-delà des mots parle de cette importance à aller par-delà les apparences. On y suit cette jeune fille de 13 ans atteinte d’un handicap important qui l’empêche de communiquer normalement. Incapable de faire des phrases voire même de prononcer correctement les mots, elle n’a que ses gestes, ces sons qu’elle prononce pour se faire comprendre. Lola se trouve dans un monde clos qui a grand mal à laisser entrer des inconnus. 

Lola vit avec son père, Pierre, qui souhaiterait que sa fille ait une vie normale, comme les autres personnes de son âge. Le temps qu’il ne passe pas au travail, il le passe avec elle, de peur de la laisser seule. Mais plus le temps passe, plus la communication entre eux se fait compliquée. Pierre n’arrive pas à accepter l’idée que sa fille ne pourra jamais s’épanouir de la même manière que les autres enfants. Elle aura sa propre évolution, celle qui lui correspond, mais pour cela, il faut la laisser s’exprimer à sa façon. Zourou parle de cette relation entre un père et sa fille, une relation qui peut ne pas toujours être simple, surtout quand la communication se perd. 

Un huis-clos poétique

Zourou, Au-delà des mots prend place dans l’appartement que partagent Lola et son père. La scénographie rend visible trois pièces : le salon, la cuisine et la chambre de Lola. Dans le salon ont lieu les interactions entre Lola et les autres ; un espace renvoyant au monde extérieur. Au contraire, sa chambre est l’espace qu’elle investit à sa façon. Elle s’y exprime par la danse, son corps ne subissant plus les contraintes de son handicap. Elle se libère par les gestes, son meilleur moyen de communication. Se joint à ces chorégraphies des projections vidéos donnant vie à ses pensées. On entre dans sa tête grâce aux images, mais aussi grâce à la musique. Les sons électroniques nous font ressentir son état émotionnel, son bouillonnement intérieur. 

Dans cet espace de vie vont s’insérer deux nouvelles personnes : Jeanne, la compagne de Pierre, et Jérémie, son nouvel orthophoniste. Jérémie tente de trouver le moyen de communiquer avec Lola et souhaite le faire en passant au-delà du langage. Ce désir de comprendre Lola le pousse à se tourner vers le jeu et la création, la poussant à créer de ses mains. A la suite d’une séance, Lola se découvre une passion pour l’origami et un objectif : réaliser mille grues pour voir son vœu se réaliser.  

Un spectacle chantant 

La pièce est portée par diverses chansons – écrites par François Borand – qui permettent de faire ressortir l’émotion des personnages et ce qu’ils ressentent au plus profond d’eux-mêmes. Ces chansons sont d’une grande douceur et s’insèrent magnifiquement dans les dialogues. Elles sont portées par des instruments mélodieux et moelleux comme le piano et le violon. Il n’y a que Lola qui ne peut pas chanter, elle qui ne peut pas utiliser son corps de la même manière. La comédienne Morgan L’Hostis interprète d’ailleurs avec beaucoup de justesse cette enfant, développant un langage corporel fort et ponctué de tics. 

Un spectacle d’une grande beauté sur le handicap qui saura vous séduire. Une pièce mise en scène par Mélodie Molinaro et interprétée par Morgan L’Hostis, Tristan Garnier, Sophie Kaufmann et Emmanuel Quatra. Musique originale de Stéphane Corbin, paroles des chansons de François Borand. Présentée du 7 au 30 juillet, à 14h40, au Théâtre Episcène, dans le cadre du festival OFF d’Avignon 2022. Relâches les 11, 18 et 25 juillet. 

Visuel : ©Noemie Kadaner

Ouverture festive du 50e Festival des Arcs
Edward Elgar, Ralph Vaugham Williams : Le festival Radio France Occitanie Montpellier est à l’heure anglaise
Lucine Bastard-Rosset
Après avoir étudié et pratiqué la danse et le théâtre au lycée, Lucine a réalisé une licence de cinéma à la Sorbonne. Elle s'est tournée vers le journalisme culturel en début d'année 2022. Elle écrit à la fois sur le théâtre, la musique, le cinéma, la danse et les expositions. Contact : [email protected] Actuellement, Lucine réalise un service civique auprès de la compagnie de danse KeatBeck à Paris. Son objectif : transmettre l'art à un public large et varié.

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration