[Live Report] L’Ensemble Epsilon au Grand Temple de Lyon
Samedi 26 septembre, l’Ensemble Epsilon, le Choeur Sigma et un ensemble instrumental de 13 musiciens ont donné l’intégralité de Vespro della beata Vergine (les Vêpres de la Vierge) de Monteverdi au Grand Temple de Lyon. L’occasion d’entendre cette oeuvre majeure à la barrière entre renaissance et baroque, entre profane et religieux.
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Le monument musical auquel se sont attelés les artistes sous la direction de Maud Hamon-Loisance est un véritable défi dans lequel il faut parvenir à gérer l’équilibre dans la musique mais aussi et surtout dans les voix. Les jeux de polyphonies sont multiples et le risque de sombrer dans la cacophonie est grand.
Dès les premières notes du soliste Julien Drevet-Santique, le public (fort nombreux ce soir) peut voir que l’ensemble de la salle sera mise à contribution et que les artistes sauront jouer avec l’architecture de cet endroit, se déplaçant entre les deux étages, changeant la formation des choristes, faisant ainsi entendre des voix à différents niveaux et plus ou moins atténuées. Une occupation fort intelligente des lieux qui permet d’offrir des dimensions supplémentaires, comme des jeux d’écho ou bien une impression aérienne et, disons-le, angélique.
Pourtant, malgré le début décrit ci-dessus, le Deus in adjutorium ne laissait pas présager l’harmonie tant attendue. Difficile de dire si l’acoustique du Grand Temple n’était pas la cause première de ce déséquilibre. Heureusement, tout va déjà mieux dès le Dixit Dominus. Les voix des deux sopranos, Magali Perol-Dumora et Marie Remandet, se marient très bien ensemble, entre l’une que l’on sent bien dans l’avant du palais et l’autre donnant une impression légèrement plus gutturale et plus dramatique, formant un très bel accord. Le plaisir d’entendre ces deux voix sera toujours le même tout au long de la soirée. Les solistes hommes (comme les basses Florent Karrer et Anass Ismat) ne sont pas en reste non plus et offrent de beaux moments.
Le Laudate Pueri fait quant à lui entendre une très belle harmonie des ensembles qui semble cette fois bien stabilisée et le Nisi Dominus transmet une belle énergie. Ces Vêpres de la Vierge se conclue en beauté et en émotion, Maud Hamon-Loisance partageant quelques mots très émus et deux rappels avec un public absolument conquis qui sera très probablement présent au prochain rendez-vous de l’Ensemble en novembre (voir sur leur site). A noter également, leur album actuellement en vente enregistré en mars 2014 réunissant des madrigaux de 2 à 6 voix de Layolle, Corteccia, Festa et Willaert.
© Baptiste Vignasse (via le Facebook d’Epsilon)