
Les Eléments de Destouches et Delalande chez Ambronay : un petit miracle
Après un premier album en 2014 autour de Rebel, l’ensemble Les Surprises a sorti le 29 avril dernier un second album dédié aux Eléments sous le label Ambronay. Une très belle découverte de cet opéra-ballet né sous les mains de Destouches et Delalande.
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Si l’oeuvre est aujourd’hui assez méconnue du public, elle a pourtant des atouts fortement reconnus lors de sa création en 1721, puis lors de sa reprise en 1725 (reprise qui connut quelques légers remaniements). Avec Les Eléments, des actions moralement nobles côtoient les épisodes mythologiques, ouvrant la voie qui mènera au futur genre du ballet héroïque. Face au plaisir de l’écoute de cet album, on s’étonnerait presque que personne ne se soit précipité plus tôt pour l’enregistrer!
Il faut dire que Les Surprises montrent ici tout leur talent sous la direction de Louis-Noël Bestion de Camboulas qui a concocté pour l’occasion une version “de salon” en regroupant les plus beaux extraits des Eléments, oeuvre qui, rappelons-le, est ici pour la première fois enregistrée et immortalisée sur disque. A ce formidable ensemble se joignent les sopranos Elodie Fonnard et Eugénie Lefebvre ainsi que le baryton Etienne Basola qui prennent tour à tour les rôles principaux et celui des choeurs. Saluons ici une prononciation absolument fabuleuse, un véritable régal pour les oreilles qui souligne les techniques vocales de chacun de ces trois artistes dont l’interprétation se ressent à travers chacune de leurs intonations. Nul besoin d’image ici pour véritablement savourer l’investissement de chacun que l’on entend sans peine.
Il n’en fallait cependant pas moins pour être à la hauteur de l’ensemble Les Surprises dont le travail sur la partition est tout aussi remarquable que celle des voix, joignant avec harmonie passages d’un calme et d’une douceur extrême et moments d’une vivacité sans faille, tour à tour accompagnant puis seul en piste lors des nombreux passages de danses. A la scène 2 de la première entrée, par exemple, on peut admirer la dextérité du flûtiste, de même que lors de la deuxième entrée lorsque l’instrumentiste alterne alors solo et accompagnement, parvenant sans difficulté à se faire pleinement entendre ou bien à laisser place à la voix. Toutefois, si les vents sont à saluer, il en va de même pour les cordes ou encore les percussions. Il n’y a finalement ici rien qui ne soit pas remarquable!
Il s’agit donc sans aucun doute d’un album à posséder de toute urgence pour son plus grand plaisir avant (ou bien après) avoir entendu l’oeuvre en version de concert au Festival d’Ambronay le 28 septembre prochain ou bien en version scénique au Festival de Pontoise le 11 octobre et à l’Auditorium du Louvre le 12 octobre.