![[Live Report] Ermione à l’Opéra de Lyon : merveilleuse guerre d’étoiles](https://toutelaculture.com/wp-content/uploads/2016/11/ermione-800-1-800x450.jpg)
[Live Report] Ermione à l’Opéra de Lyon : merveilleuse guerre d’étoiles
Le mois de novembre est bien arrivé, apportant son lot de dates commémoratives à laquelle s’est ajouté l’en passé la triste date du 13 novembre. Toutefois, ce dimanche marquait aussi la date de la coproduction annuelle entre l’Opéra de Lyon et le Théâtre des Champs-Elysées, mettant à l’honneur une oeuvre du bel canto. Cette année fut un crû particulièrement mémorable avec une Ermione tout simplement époustouflante.
Les habitués des maisons lyonnaise et parisienne concernées attendent souvent ce rendez-vous immanquable pour les amoureux du bel canto et du chant iatlien : I Capuleti et i Montecchi de Bellini avec Anna Caterina Antonacci et Olga Peretyatko en 2011, I Puritani avec Olga Peretyatko et Dmitry Korchak en 2012, Norma avec John Osborn, Enrico Iori, Elena Mosuc, Michele Pertusi, Sonia Ganassi et Anna Pennisi en 2013, Semiramide en 2013 avec à nouveau John Osborn, Michele Pertusis, Elena Mosuc et Anna Pennisi mais aussi Patrick Bolleire que l’on retrouvait l’an passé dans la version de concert de Zelmira aux côtés d’une éblouissante Marianna Pizzolato et d’une Patrizia Ciofi très fatiguée.
Cette saison marque donc la fin du cycle de Rossini avec la troisième et dernière oeuvre donnée : Ermione. Cependant, deux changements sont apparus. Tout d’abord, l’Opéra de Lyon ne proposait plus deux mais une seule date de représentation. Il ne fallait donc pas la manquer, notamment au vu du plateau exceptionnel de cette année! Le deuxième changement, qui impacte davantage la production, est le changement de direction. Evelino Pido, à la tête de l’orchestre depuis des années pour cette coproduction, en est absent cette année, remplacé par Alberto Zedda âgé de 88 ans, grand nom fondateur du festival de Pesaro.
Si la direction de Pido a pu manquer à certains durant le début d’une ouverture peut-être moins dynamique et affûtée qu’à l’accoutumé, Alberto Zedda a très vite fait oublier celui que nous avions jusqu’alors l’habitude d’entendre dans cette coproduction. Nul doute que l’immense talent du maestro a su révéler et servir à la fois la partition de Rossini et les immenses voix présentes.
De ce côté, Angela Meade incarne tout simplement une des plus belles Ermione de notre époque avec une amplitude de soprano parvenant à atteindre les sommets de la partition ainsi que ses profondeurs les plus graves. L’interprétation était pour sa part à la hauteur de la qualité vocale sans faille, offrant à voir et à entendre la palette étourdissante de sentiments qu’offre l’héroïne dont la jalousie mène l’histoire à sa perte. Objet de cette jalousie et de sa haine, Andromaca, interprétée par Eve-Maud Hubeaux. La mezzo-soprano se hisse à la hauteur de sa rivale. Avouons qu’il émane d’elle un charisme certain et que sa stature se détache de ses partenaires par sa taille et la robe aux traits bestiaux mise pour ce personnage sensé être barbare (entendez par là “étrangère”).
Face à ces deux femmes, ou plutôt entre elles, Michael Spyres campe un Pirro majestueux au phrasé solide. Si sa projection est excellente, celle de son rival, Oreste sous les traits de Dmitry Korchak, reste toujours aussi impressionnante et écraserait sans peine les voix des autres solistes s’il n’y avait pas aujourd’hui une maîtrise magistrale de son art. Dernier ténor en lisse, Enea Scala (entendu dans cette même maison pour La Juive) prête sa voix à Pilade dans une émission assurée qui se place au même niveau que ses deux collègues.
Si ces étoiles sont des plus éblouissantes, les rôles moins importants ne le sont pas moins : Patrick Bolleire fait entendre un Fenicio à la projection impressionnante pour une basse. Les Cleone de Rocio Perez, Cefisa de Josefine Göhmann et Attalo d’André Gass n’entachent en rien le plateau et parviennent à offrir des prestations à la hauteur des grands artistes déjà cités.
Une soirée de haute volée qui a su nous conduire dans les étoiles pour cette guerre qui, dans le cas présent, était véritablement céleste, le tout dirigé par un maître époustouflant qui, malgré son grand âge, n’en demeure pas moins un grand maestro.