
A Lyon : A King’s Messiah livré pour nous grâce aux Grands Concerts
Hier, Les Grands Concerts offraient un exceptionnel cadeau avant l’heure en prêtant la scène de la Chapelle de la Trinité à Robert King et à son ensemble The King’s Consort pour un oratorio traditionnel de Noël (ou plus précisément the oratorio de Noël), à savoir Le Messie de Haendel.
Fondé en 1980, The King’s Consort fait parti des premiers ensembles européens sur instruments d’époque. Accompagné de son choeur tout aussi célèbre que lui, l’ensemble se produit en tournée partout dans le monde et a déjà une centaine de titres à son catalogue avec plus d’un million d’albums vendus, étant ainsi l’un des ensembles sur instruments anciens qui a le plus enregistré. Sa venue à Lyon était donc un véritable événement auquel le public a répondu présent, se doutant bien qu’un Messie célébré par le King’s Consort serait bien plus qu’un Messie. Et il avait raison!
Deux notes suffisent pour annoncer la couleur, ou plutôt la tonalité de la soirée, magistrale, grandiose, superlative. Deux notes seulement et nous basculons déjà dans l’excellence qui donne une résonance unique à la soirée. La direction de Robert King vaut amplement tous les éloges qui le précèdent et l’on ne peut que se laisser porter par l’ensemble qui maîtrise de bout en bout chacune des notes composant la partition. L’équilibre et l’homogénéité sont de mise, les nuances se déclinent et colorent le tout, l’écoute est totale et permet de porter haut la musique et les voix.
Du côté de ces dernières, ce sont quatre solistes à la prononciations irréprochables que nous entendons. Le ténor Joshua Ellicott, tout d’abord, dont la voix n’a aucun mal à porter au loin dans cette superbe acoustique de la chapelle, agrémentant sa projection au gré de la partition, descendant dans de formidables pianissimi avant que d’exploser en puissance. La basse Henry Waddington offre un très beau moment lors de son aria “The trumpet shall sound” même si la tinalité de sa voix implique naturellement une projection globalement moins importante que celles de ses compères. La contralto Hilary Summers donne à entendre une belle palette de couleurs à la robe ambrée lorsque interviennent les graves, mais avouons que la soprano Lorna Anderson est probablement celle qui fait le plus d’effet grâce à une voix aux mediums de velours, à la fois charnue et cristalline dans les notes plus aiguës. Un véritable délice que l’on se plaît à savourer à chacun de ses passages.
Grandement sollicités par la partition, les choeurs du King’s Consort impressionne par la maîtrise de l’ouvrage, l’unité et la solidité de l’ensemble, parvenant à obtenir (aidés de l’acoustique de la salle) la puissance attendue pour l’Hallelujah, engendrant une salve d’applaudissement méritée et enthousiaste de la part du public. Les quatre altos font particulièrement impression, notamment grâce à l’équilibre de l’ensemble qui laisse chaque groupe de voix s’exprimer sans jamais empiéter les uns sur les autres. L’harmonie obtenue vaut bien des éloges, et le “Amen” qui clôt la soirée permet de se rendre compte à la fois des nuances, de l’homogénéité, de la prononciation et de la modulation dont les choeurs sont capables, grâce au crescendo final : difficile d’imaginer qu’une telle puissance puisse être atteinte par moins de 20 chanteurs!
Une soirée aux douces notes anglaises dont le service “so british” a su donner un délicieux avant-goût des festivités de Noël. L’unique regret de la soirée, s’il doit y en avoir un, est l’absence d’un bis alors qu’il est devenu traditionnel de reprendre une partie de l’Hallelujah avec le public…
© Taco van der Werf pour Robert King
© Gerard Collett pour Henry Waddington