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“Térébenthine”, comme un parfum de nostalgie

“Térébenthine”, comme un parfum de nostalgie

13 September 2020 | PAR La Rédaction

Térébenthine, dernier roman de Carole Fives à la fois incisif et délicat, sorti le 25 août dernier, évoque avec un certain recul, celui des femmes accomplies, la période étudiante qu’elle passa aux Beaux-Arts. Son style va à l’encontre du roman classique, permettant ainsi de recoller des moments d’existence et de déconstruire le bien-fondé d’une instruction de l’art à la manière des écoles d’application.

Par Sixtine Benatier

Si les Beaux-Arts m’étaient compté
Bien que vous ne connussiez pas Carole Fives avant d’en lire le dernier roman, Térébenthine, il est aisé de penser la comprendre un peu mieux aujourd’hui. Professeure d’arts plastiques, écrivaine, elle dévoile à travers son écrit ce qui l’a forgée, ce qui l’ont forgée. Étudiante aux Beaux-Arts de Lille dans les années 90, elle dépeint un paysage d’un monde de l’art qui semble toujours d’actualité. Celui d’un marché contemporain qui met la tradition de la peinture au ban de la société pour lui préférer l’émergence du très prometteur art vidéo, du trash, du sexuel, du sanglant. Elle dépeint ce paysage du monde de l’art qui laisse les femmes hors de ses rangs, qui dénigre les vivants et porte aux nues ces morts que la mort promeut au rang d’artistes. Écrit fort et engagé, elle met en évidence cet art consensuel qu’enseignent les écoles d’art, qui ne fabriquent jamais d’artistes en désaccord.

Un univers dérangeant
Carole Fives prend le contrepied du roman autobiographique classique et se tourne vers le roman à la deuxième personne. S’adressant ainsi à la Carole étudiante, ambitieuse, à travers sa démarche peu commune qui s’inscrit dans celle de Georges Perec et d’Un homme qui dort, elle finit par se conformer au devoir de disruption des Beaux-Arts à travers sa technique narrative. Ironie du sort, pour l’artiste qui, durant toute sa scolarité choisit de ne pas se conformer aux exigences du marché de l’art. Elle instaure ainsi un climat perturbant, où le lecteur ne sait plus si l’on s’adresse à lui, ou s’il n’est que le spectateur impuissant d’un destin.

Spleen et Térébenthine
Ce roman, introspection évidente qui par l’utilisation du « tu » permet de garder la distance entre la jeune adulte et la femme accomplie, résonne à la fois comme une critique des Beaux-Arts et un hommage nostalgique à cette période de sa vie. Véritable spleen qui rejette l’art sous la forme qu’on lui imposa, Caroline Fives définit à sa manière la peinture, et lui donne à nouveau ton son éclat, à travers les mots.

Carole Fives, Térébenthine, Collection Blanche, Gallimard, 16,50€. Sortie le 20/08/2020.
visuel : couverture du livre

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La Rédaction

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