
« Une Fille » : Juliette Kahane revient sur son adolescence
Juliette Kahane, l’auteure de L’inconnu (L’Olivier, 2013) est à l’avant-poste de cette rentrée de janvier avec un récit touchant de ses années d’adolescence dans l’ombre d’un père brillant et sulfureux.
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A la fin des années 1950, alors que ses parents sont séparés depuis longtemps déjà et que sa mère trime pour la nourrir, ainsi que sa grand-mère, la jeune narratrice tente de parer ses jambes de sauterelles des plus beaux atours de l’époque pour accompagner son père à des réunions où lui et ses amis parlent audace et livres. Il faut dire que son papa est Maurice Girodas, éditeur des auteurs les plus sulfureux de son temps dont Nabokov et son Lolita. Au gré des réussites et des revers de ce métier difficile l’argent afflue ou pas et les premières amours ne sont pas faciles pour la jeune-femme aux repères un peu brouillés.
Bravant une sorte de malédiction qui a voulu que son père et son grand-père décèdent alors qu’ils avaient fini d’écrire sur leur vie, Juliette Kahan livre un roman fin, courageux et très lucide sur son adolescence. A la fois impliquée et détachée de ce texte parfaitement équilibré, l’auteure raconte sans ciller non seulement ses premiers émois de femme, mais aussi l’origine de la séparation de ses parents. Terriblement clairvoyante et jamais hésitante dans ses portraits, y compris des êtres les plus proches, elle réussit à condenser et à épurer cette somme d’émotions hérissée qu’est l’adolescence en texte purement littéraire. Un magnifique livre.
Juliette Kahane, Une fille, L’olivier, 175 p., Sortie le 8 janvier 2015. 16.50 euros.
visuel : couverture du livre