
“Un beau désordre” : Fellini à la fleur du l’âge et au coeur de la crise, saisi par Marco Caramelli
Premier roman de celui qu’on connaissait comme un novelliste de talent, Un beau désordre suit Federico Fellini au comble de son succès et de la crise amoureuse et professionnelle. Une adaptation littéraire audacieuse de Huit et demi.
Le héros ne s’appelle plus Guido mais Massimo. Il vient de tourner la mythique Dolce Vita, est marié avec Louise, une femme française élégante qu’il aime et admire mais que deux pertes d’enfants ont plongé dans la dépression, aime charnellement une femme-enfant gironde dont il a honte et a eu le coup de foudre pour Claudia Cardinale… Un souci de santé lui créé un black-out et les médecins lui font une ordonnance pour trois semaines de cure thermale. Il est supposé se reposer mais travail, femme, maîtresse et désordre font le chemin depuis Rome vers cet endroit reculé où tout est fait pour le rendre léthargique…
A quelques glissements de noms près et avec une atmosphère plus centrée sur le héros qui masque un peu le côté “sanatorium” du lieu, cette adaptation fidèle de Fellini témoigne d’un grand amour pour le cinéaste. L’homme, lui, lâche, la tête et la bouche remplies de clichés sur les femmes, au cœur d’une crise où il est incapable de ménager ceux qui l’entourent est beaucoup moins aimable. Qu’à cela ne tienne. Dans la collection “Le Passe-Murailles” de Robert Laffont, avec un didactisme prononcé au début et qui va magiquement de soi par la suite, Marco Caramelli nous replonge dans l’Italie du miracle économique avec générosité. Un beau livre et un premier roman très maîtrisé.
Marco Caramelli, Un beau désordre, Robert Laffont, 270 p., 19 euros.
visuel : couverture du livre