Fictions
Sélection poches : aux quatre coins du monde

Sélection poches : aux quatre coins du monde

05 January 2015 | PAR Audrey Chaix

Avec cette sélection de livres de poche à moins de dix euros, Toute la Culture vous emmène aux quatre coins du monde sans bouger de votre canapé. Différentes époques, différentes aventures, mais toutes ont pour point commun de faire voyager les lecteurs, de l’Irlande aux Etats Unis en passant par le Danemark, l’Afrique et l’Islande.

Le cœur par effraction, de James Meek

lecoeurpareffraction Ritchie, ancienne star du rock, est aujourd’hui un producteur à succès d’émissions aussi lamentables les unes que les autres, et tromper sa femme avec des mineures est son passe-temps favori. Sa sœur, Bec, scientifique à la recherche d’un vaccin contre le paludisme, est sur le point de se fiancer avec Val, un baron de la presse people – lorsqu’elle refuse, il met en place un scénario de vengeance diabolique rendu possible par les frasques de Ritchie.

Entre l’Angleterre, terre de danger pour la réputation de Ritchie aussi bien que celle de Bec, et l’Afrique, où la jeune femme tente de trouver un vaccin pour sauver des milliers d’enfants, Le cœur par effraction est avant tout une satire sociale au vitriol, qui critique avec violence la société de divertissement qu’est devenue la société britannique. Mais il y a plus que ça dans ces quelques 600 pages qui happent progressivement le lecteur : ce roman est également une formidable réflexion sur la transmission après la mort et sur le besoin qu’ont les hommes de laisser une trace derrière eux. Car, finalement, le chantage exercé par Val sur Ritchie n’est qu’un prétexte à un drame qui pose la question de la morale aujourd’hui, à l’heure où les valeurs sur lesquelles sont bâtis nos systèmes de référence sont en pleine mutation. Un roman aux multiples lectures, et dont la profondeur est parfois vertigineuse.

Le cœur par effraction, de James Meek. Traduit de l’anglais (Ecosse) par David Fauquemberg. Editions Points. Paru le 11 septembre 2014. 608 p. Prix : 8,70 €.

Fille de la Campagne, d’Edna O’Brien

filledelacampagne

Née en 1930, dans un coin paumé du fin fond de l’Irlande, Edna O’Brien est l’une des voix les plus connues de la nouvelle Irlande littéraire au 20e siècle. En 1960, elle publie un roman qui fait scandale : Les Filles de la campagne est interdit en Irlande pour cause d’obscénité. Ce qui n’empêcha pas Edna O’Brien de continuer à écrire et à raconter cette Irlande puritaine et catholique où elle a grandi.

Dans Fille de la campagne, dont le titre fait écho à son premier roman, elle raconte avec beaucoup de tendresse et de lucidité son enfance, sa jeunesse, ses premiers succès comme écrivain. Incomprise par sa mère, horrifiée par ce que sa fille pouvait lire et écrire, abandonnée par un mari jaloux de ses succès, elle semble voir l’écriture comme une évidence, impossible à renier.

Dans cette autobiographie apaisée, où elle semble avoir pardonné, Edna O’Brien avoue précéder les nécrologies qui ne manqueront pas de fleurir à sa mort : elle préfère donner la vérité nue avant que d’autres ne se chargent de déformer la réalité d’une vie pleine, qui commence dans une campagne rustique d’Irlande pour se terminer dans les salons littéraires des personnalités artistiques les plus en vue de la seconde moitié du 20e siècle. De touchantes confessions.

Fille de la campagne, d’Edna O’Brien. Traduit de l’anglais (Irlande) par Pierre-Emmanuel Dauzat. Le Livre de Poche. Paru le 1er octobre 2014. 488 p. Prix : 8,10 €.

Le livre du roi, d’Arnaldur Indridason

lelivreduroiD’Arnaldur Indridason, on connaît surtout les enquêtes policières menées par l’infatigable autant que bourru Erlendur. C’est donc avec beaucoup de curiosité que l’on s’attache à découvrir une autre facette de l’auteur islandais : le roman d’aventure, qui est le genre de ce nouvel opus paru aux éditions Points.

Valdemar, jeune homme désargenté fraîchement débarqué à Copenhague pour y étudier la littérature nordique, fait la connaissance d’un drôle de professeur, qui l’entraîne bien vite dans de rocambolesques aventures sur les traces d’un manuscrit disparu. On est dans les années 1950, et l’épopée dans laquelle se lancent les deux hommes a des allures de roman d’espionnage de la guerre froide.

S’il est un peu difficile de rentrer dans l’aventure – on se perd un peu dans les évocations de manuscrits islandais et de patrimoine culturel nordique pour lesquelles nous manquons de référence, l’aventure prend vite le pas sur l’érudition, et c’est avec un grand talent de conteur qu’Indridason nous emmène avec lui à la recherche de ce Livre du Roi, qui semble condamner à une fin funeste tous ceux qui entrent en sa possession. Un vrai beau roman d’aventures, qui va de rebondissements en découvertes et exploite à merveille les rouages du genre.

Le Livre du roi, d’Arnaldur Indridason. Traduit de l’islandais par Patrick Guelpa. Editions Points. Paru le 14 novembre 2014. 432 p. Prix : 7,90 €.

Transatlantic, de Colum McCann

transatlantic1919. Deux hommes traversent l’Atlantique en avion pour la première fois. 1845. Une jeune servante irlandaise émigre aux Etats Unis. 1998. Un diplomate américain œuvre pour mener le processus de paix en Irlande… Entre l’Irlande et les Etats Unis, les destinées individuelles de personnages s’inscrivent dans le processus long et douloureux qui construit l’histoire tourmentée d’un pays. Certains en partent, d’autres y reviennent, et des liens se tissent entre eux, comme autant de filets lancés par dessus l’océan Atlantique pour les réunir.

Et si le roman commence par narrer des histoires d’hommes, le point de vue se décale peu à peu et les femmes prennent la parole, une généalogie de femmes fortes, depuis l’ancêtre Lily, immigrée irlandaise en Amérique, à son arrière-petite-fille Hannah, revenue en Irlande où la paix est encore bien fragile…

Une fresque historique qui a pour mission de rappeler qu’au delà des grands événements qui ont forgé l’humanité, ce sont avant tout les individus qui, par la force de leur volonté ou de leurs convictions, changent le monde qui les entoure. Une belle leçon d’humanisme.

Transtlantic, de Colum McCann. Traduit de l’anglais (Irlande) par Jean-Luc Piningre. Editions 10 18. Paru le 4 septembre 2014. 360 p. Prix : 8,10 €.

Sélection poches : Paul Auster dans tous ses états
[La recette de Claude] Quiche aux poireaux
Avatar photo
Audrey Chaix
Professionnelle de la communication, Audrey a fait des études d'anglais et de communication à la Sorbonne et au CELSA avant de partir vivre à Lille. Passionnée par le spectacle vivant, en particulier le théâtre, mais aussi la danse ou l'opéra, elle écume les salles de spectacle de part et d'autre de la frontière franco-belgo-britannique. @audreyvchaix photo : maxime dufour photographies.

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration