“L’invité du soir” de Fiona McFarlane : dans la tête juvénile d’une australienne de 75 ans
Coup d’essai éclatant de la romancière australienne Fiona McFarlane, L’incité du soir arrive en France après avoir séduit les lecteurs anglo-saxons. Instillant un climat d’inquiétante étrangeté dans le quotidien d’une dame de 75 ans qui revient sur sa vie, l’auteure mêle les genres avec brio.
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A 75 ans Ruth Fields vit bravement seule dans sa grande maison. Elle parle souvent à son fils un peu débordé et lointain. Une nuit, elle reçoit la visite d’un tigre dans son sommeil et se demande si elle ne perd pas un peu la tête. Le lendemain, sa vie change avec l’arrivée de Frida, une dame de compagnie qui lui a été attribuée par les assurances sociales et vient voir si elle n’a besoin de rien. Changeant de coiffure mais constante dans sa force de caractère, Frida se fait peu à peu adopter par l’indépendante Ruth, qui se met à lui raconter sa jeunesse et ses premières amours sur ses îles Fidji natales…
Créant un climat étrange et angoissant malgré un quotidien qui semble “normal” et des souvenirs de jeunesse plutôt lumineux, Fiona McFarlane déploie la finesse psychologique d’un Henri James dans un roman aussi haletant qu’atemporel. Un coup d’essai qui s’avère être un coup de maître.
Fiona McFarlane, L’invité du soir, trad. Caroline Chichereau, L’Olivier, 272 p., 22.50 euros. Sortie le 2 mai 2014.
Visuel : couverture du livre.