
“Je ne me souviens pas”, la litanie stylée de Mathieu Lindon
Mathieu Lindon, auteur de Les hommes tremblent (2014) et Ce qu’aimer veut dire (2011) est fidèle aux belles éditions P.O.L. pour un livre – madeleine de Proust tout en prétéritions.
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Avec infiniment de sensualité et de modestie, c’est à un banquet de prétéritions et d’anaphores que nous convie Mathieu Lindon. Dans son nouvel opus, chaque paragraphe commence par “Je ne me souviens pas” et déploie tout un pan de vie qui était annoncé comme englouti. Les grandes idées se mêlent avec les sensations de l’enfance, la douce empreinte de l’habitude avec les grandes claques de la première fois- tout ceci minoré par la négation dans laquelle elles nous arrivent emmaillotées “Je ne me souviens pas”.
Le résultat est une sorte de compilation poétique qui forme une trame hypnotisante et qu’on pourrait fort joyeusement qualifier d’Anti-mémoires ou de portrait en creux. Un livre à suivre à la trace, comme le souvenir perdu d’un amour lointain, et à déguster pour sa langue si bien maîtrisée.
Mathieu Lindon, Je ne me souviens pas, POL, 160 p., mars 2016, 14.90 euros.
“Je ne me souviens pas de mes colère, j’espère qu’elles sont terribles; des colères ternes, personne ne se souhaite ça” p. 37.