[Compétition] “La loi du marché”, Stéphane Brizé met en scène le monde du travail
Après Mademoiselle Chambon et Quelques heures de printemps, le duo Brizé-Lindon remet ça, cette fois-ci dans un film puissant sur la compétition macabre qui caractérise le marché de l’emploi. Un film fait avec peu de moyens et de graves résultats qui propose un angle à la fois intime et très politique. La loi du marché donne à réfléchir sur ce qu’on appelle le monde du travail.
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On rencontre le personnahe de Thierry (Vincent Lindon, magistral, à son habitude) alors qu’il a 51 ans, qu’il est au chômage depuis 15 mois et que l’ANPE lui fait faire une formation qui ne débouche sur aucun emploi. Alors qu’il a une femme et un adolescent infirme moteur cérébrale (suite à une procidence du cordon ombilical) à la maison, l’ouvrier motivé doit retrouver un travail. Mais entre les interviews skype où on lui donne peu de chance, les sessions de préparation à l’ANPE où on lui sape sa confiance et l’argent qui vient à manquer, Thierry prend de violents coups. Lorsqu’il trouve un nouveau travail de surveillant dans un hypermarché, sa situation semble se stabiliser. Et pourtant la loi de la jungle qui opère quand on cherche un travail, opère aussi une fois en place, et la loi dudit marché se matérialise près du rayon frais … Surtout quand on a des caméras comme témoins …
Avec très peu de moyens (le réalisateur et Lindon co-producteur se paient en participation), Brizé parvient à réaliser un film d’une densité très impressionnante. Avec des dialogues justes, autour de trois bureaux, d’un supermacrhé et d’un domicile, le film parvient à saisir bien de la douleur et de la cruauté. Utilisant à l’acmé du projet les caméras de surveillance comme outils de très grand cinéma, jamais démonstratif, toujours dans l’ellipse, Brizé montre d’autant mieux la cage d’acier de la bureaucratie qu’il ne se laisse pas fasciner. Toujours au plus proche du sensible et de l’humain, sa caméra ne donne jamais de leçon mais décrit de l’intérieur un système de valeur-travail aliénant. Une machine infernale bouleversante et qui aurait pu être la petite bombe post-Dardenne de cette 68ème compétition officielle, si seulement la toute fin avait été à la hauteur du reste de ce film magnifique.
La loi du marché de Stéphane Brizé, avec Vincent Lindon, France, 2015, 1h33, Diaphana, sortie le 19 mai 2015.
Retrouvez tous nos articles sur le 68ème festival de Cannes dans notre dossier Cannes 2015.
LA LOI DU MARCHÉ – Bande-annonce par diaphana
visuels : photos officielles du film
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One thought on “[Compétition] “La loi du marché”, Stéphane Brizé met en scène le monde du travail”
Commentaire(s)
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Matthias Turcaud
Un film bouleversant, qui devrait récolter d’un Prix (celui de l’interprétation masculine serait très mérité).