
“Celle qui se métamorphose” la douce moitié inquiétante de Boris Le Roy
Boris Le Roy, auteur entre autres de Du Sexe et de L’éducation Occidentale (Actes Sud) passe chez Julliard. Avec Celle qui se métamorphose, l’auteur est d’autant plus poétique qu’il est tranchant.
Réveils difficiles
Un matin, Nathan Mesme se réveille à côté de celle qui partage sa vie depuis des années, mais il ne la reconnaît pas. Ni la longueur des cheveux, ni la beauté trop voyante, ni l’odeur… Ils partent ensemble pour le travail car ils sont aussi collègues, et là aussi tout semble changé. Et le pire est que sa douce moitié ne cesse de se métamorphoser… jusqu’au vertige et/ou à la folie…
Une série de métamorphoses pour aujourd’hui
Il y a un peu de Kafka, pas mal de science-fiction, une dose de romantisme et une ironie séduisante dans cette fable très contemporaine de Boris Le Roy qui se termine en apothéose dans un Jérusalem mythique. Il y a aussi une mère juive très envahissante et un miroir grossissant sur la complexification des genres que nous vivons…
L’art subtil de la fable
Dans une langue à la fois très transparente, un brin poétique et délicieusement mordante, Celle qui se métamorphose aborde avec modestie, précision et tout le décalage que permet la fable, des questions qui -en fait- nous obsèdent. D’un soubresaut à un autre, le schéma se répète pour mieux infuser des nuances dans le texte. Et le meilleur est qu’on en arrive à rire avec les personnages de la roue ironique qui constitue leur histoire. Des rouages qui font réfléchir, alors que Boris Le Roy aborde merveilleusement à la fois l’intimité la plus douce et les pensées les plus analytiques.
Boris Le Roy, Celle qui se métamorphose, Julliard, 176 p., 18 euros. Sortie le 19 août 2021.
“En temps normal j’acquiescerais, mais depuis qu’est advenue la métamorphose de ma compagne, expérience traumatique, depuis que ma perception semble s’effondrer, rien n’a d’intérêt que la nécessité de démêler le vrai du faux, d’écarter la subjectivité pour l’objectivité, comme un désir enfantin, une utopie psychotique; en gros, j’ai besoin de preuves et non d’interprétation.” p. 31
Visuel : couverture du livre