Essais
Une vie contre une autre à Buchenwald

Une vie contre une autre à Buchenwald

16 January 2014 | PAR Jean-Paul Fourmont

Sonia Combe chercheur à l’ISP CNRS (université de Paris Ouest) et chercheur associée au centre Marc Marc Bloch (Berlin) publie la pratique de l’échange dans le camp de Buchenwald.

[rating=4]

une vie contre une autreDES COMMUNISTES ALLEMANDS SAUVENT UN ENFANT JUIF DE 3 ANS
En 1961, Zacharias Zweig, a livré au mémorial de Yad Vashem, un témoignage dans lequel il raconte les conditions de sa survie à Buchenvald.
Son père avocat à Cracovie cache un enfant parfois dans une poubelle, et il a fait en sorte que son enfant ne pleure jamais, et au mot «SS» il devait se taire.
Les prisonniers politiques ont gardé l’enfant et l’on mit à l’abri dans le « block des prisonniers politiques allemands » .
L’enfant évitera Auschwitz car son nom sera rayé de la liste.
Un autre enfant partira à sa place.
Le chef des communistes allemands (Willi Bleicher) chrétien également, recevra la médaille du juste décernée aux non juifs qui ont sauvé des juifs.

CETTE HISTOIRE A PROVOQUE UN VIVE DÉBAT ALORS EN RDA
Les victimes du nazisme, les antifascistes auraient ils été aussi des bourreaux?
Fondée sur l’écoute de plus de 90 témoignages (anglais, allemands, russes et français) collectés par la Shoah foundation ainsi que des archives personnelles de déportés.
Le travail de Sonia Combe montre que la substitution de victimes a pu aussi être une modalité de survie dans les camps de concentration.
Stéphane Hessel, Jorge Semprun ont ainsi survécus.

UNE SITUATION DE CHOIX SOUS CONTRAINTE
Sonia Combe a analysé la pratique de l’échange comme une situation de choix sous contrainte et comme l’a dit Primo Levi, aucun « tribunal humain» ne saurait statuer sur cette situation.

LES ACTEURS ET LES LIEUX DE L’ECHANGE
Comme le rappelle le témoignage de Bruno Apitz, «les détenus étaient devenus des bêtes humaines ! Pour un pain ou un morceau de tissu sala, ils se sont entretués».
Un officier américain, rappelle «qu’ils confondaient uniformes nazis et américains à la libération».
Sonia Combe cherche dans son essai, d’abord à savoir comment la substitution d’une personne à une autre a pu faire partie des modalités de survie.
Et ensuite, elle s’interroge sur la réécriture nécessaire de la résistance anti fasciste.
Cet aspect des camps de concentration est terrible .Comme l’a dit David Rousset « sauver certains. Condamner d’autres ».
Elie Wiesel a prononcé cette terrible phrase « je vis donc, je suis coupable ».
Comme l’affirme Sonia Combe « nous étions dans le faux hier et pensons être dans le vrai aujourd’hui ».
Il faut comme le propose l’auteur, faire des camps de concentration « un grand récit des origines » désenclavé des histoires nationales dont l’Europe doit encore se doter.
Un essai vigoureux et stimulant.

Sonia Combe, Une vie contre une autre, échange de victime et modalités de survie dans le camp de Buchenwald, Editions Fayard, Janvier 2014 ,335 pages,19 euros.

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Jean-Paul Fourmont
Jean-Paul Fourmont est avocat (DEA de droit des affaires). Il se passionne pour la culture, les livres, les gens et l'humanité. Contact : [email protected]

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