« Dictionnaire amoureux de New-York » de Serge July : autant en apporte la liberté
Avec finesse, Serge July fait le guide de la Grosse Pomme dans son Dictionnaire amoureux de New-York.
Un connaisseur
Serge July aime NYC avec passion, mais sans concessions. « New-York est une lessiveuse qui brasse inlassablement les grappes humaines venues de partout et de nulle part, une forge qui consomme de l’énergie humaine et qui épuise autant qu’elle encourage ».
Le Dictionnaire amoureux de New-York fourmille de chapitres passionnants, écrits par un habitué des lieux. La trame proposée ci-dessous est subjective et le DA de July ne se résume pas à ces quelques illustrations.
De l’histoire
Les amérindiens, les native people, sont les premiers habitants des USA dont les ancêtres venaient d’Asie. Manhattan vient d’un mot utilisé par la tribu des Manapes, Manna-hata qui signifie : iles aux nombreuses collines. « La tribu a disparu, comme les collines ».
« Les Afro-Américains descendant des victimes de la traite négrière au regard d’une hiérarchie migratoire où les Européens d’origine polonaise, irlandaise, italienne, suédoise ou allemande tenaient le haut du pavé, derrière les descendants des colons hollandais et surtout anglais ».
« La première vague d’immigration juive vers New-York est provoquée par la chute de Napoléon 1er : la Prusse et la Bavière profitent de la défaite de l’empereur français pour rompre avec la reconnaissance des Juifs imposés par le Premier Empire ».
Des classiques
Parmi ceux-ci, l’Empire State Building, icône d’acier, de verre et de béton. Ce gratte-ciel art déco a été la vedette de plus de 250 films, dont King Kong.
Mais, le symbole de la grandeur de New-York, de sa puissance, est sans aucun doute Wall Street, capitale financière des Etats-Unis. Jérôme Charyn donne le pourquoi de l’adresse : « les courtiers de la ville avaient l’habitude d’effectuer leurs transactions sous un platane proche du 68 Wall Street ».
Il y a le Chelsea Hotel où vécurent, et dormirent, les artistes d’une époque : Milos Forman, Sarah Bernhardt, Mark Twain, Tennessee Williams…Leonard Cohen rencontra Janis Joplin en 1968 dans la chambre 424, et Jack Kerouac écrivit sur un parchemin son roman Sur la route.
Le Street Art est né dans une fiche industrielle, une ancienne usine de compteurs d’eau. Elle devint le terrain de jeu des graffeurs puisque les murs étaient visibles de la ligne 7 du métro aérien.
Ainsi, à l’opposé du tumulte incessant de New-York, Central Park est un havre de paix. A l’origine, ce fut le premier acte de gentrification de la ville face à la vague migratoire des années 1830. « 36 ponts, 37 millions de visiteurs par an, 25.000 arbres…2 patinoires et plus de 250 films tournés dans cette oasis urbaine ».
Et autres informations
Walter Gropius est à l’origine du Bauhaus, mouvement architectural sous la république de Weimar. C’est à New-York qu’il a imposé les immeubles en verre, comme le Pan Am Building.
En restant dans les ouvrages d’art, les ponts BMW n’hébergent pas de concessions de la marque allemande : ce sont en fait les ponts de Brooklyn, Manhattan et Williamsburg
Frank Sinatra est né dans le quartier du New-Jersey, au milieu des dockers qui travaillaient avec la mafia. « Il fut une star du blues pendant plus de cinq décennies, avec une voix tellement exceptionnelle qu’elle ne se comparait qu’à celle de la Callas ». Et c’est aussi à New-York que Louis Armstrong, Miles Davis et Monk connurent leur apogée.
Le Dictionnaire amoureux de New-York de Serge July donnera l’envie à ceux qui ne connaissent pas cette ville d’y aller, à ceux qui la connaissent d’y retourner, et à tous un vrai moment de plaisir.
Dictionnaire amoureux de New-York de Serge July. Éditions L’Abeille Plon. 2023, 775 pages, 14€.
