Fictions
“Débarquer” ou comment se laisser embarquer par Hugo Boris

“Débarquer” ou comment se laisser embarquer par Hugo Boris

18 August 2022 | PAR Marianne Fougere

Hugo Boris nous emmène sur les plages du débarquement, là où se brisent vagues et destins.

Hugo Boris vient du cinéma. Nous ne sommes donc pas surpris de le voir amarrer son nouveau roman en Normandie. Quoi de plus cinématographique, en effet, que les plages du débarquement ? De Darryl Zanuck à Steven Spielberg, en passant par Samuel Fuller : nombreux sont les cinéastes à leur avoir donné le premier rôle.

Chez Boris, en revanche, pas de reconstitution historique en tant que telle. Mais un jour le plus long. Celui de Magali lorsqu’elle apprend qu’elle doit recevoir un vétéran d’Omaha Beach. Pourtant, pour une guide des plages comme elle, accompagner un ancien du 6 juin représente une consécration. Mais voilà. Cela en est trop pour la mère de famille qui, depuis 9 mois, lutte pour ne pas sombrer. Elle qui, depuis la disparition mystérieuse de son mari, se raccroche à la moindre épave pour tenter de garder son rang. Car, contrairement aux octogénaires accueillis en héros, plus personne ne la situe dans son entourage. Est-elle “la femme d’un salaud ? Une sorte de divorcée, ou de veuve ? Mais quel genre de veuve ? Une veuve de suicidé ? Ce qui était sûr, c’est que ça puait la tristesse, son histoire qu’elle se noyait, et que l’instinct de survie ordonnait de ne pas nager trop près d’elle”. Tout l’inverse d’Andrew le Jour J. À lui, l’instinct de survie ordonnait plutôt de s’accrocher aux corps de ses camarades morts.

Débarquer pourrait être un énième roman mêlant petite et grande histoire. Avec lui, Hugo Boris nous offre bien plus que cela. Dans une langue précise, sans fioriture ni artifice, il livre une fresque de l’intime, bien loin des tableaux hollywoodiens. Sans effets spéciaux, il donne à voir, plus qu’à entendre, ce que cela signifie de se faire débarquer de sa vie. Et la traversée que cela coûte pour tenter de se maintenir à flot.

 

Hugo Boris, Débarquer, Paris, Grasset, sortie le 17 août 2022, 198 p., 19 euros.

Visuel : couverture du livre

“La Treizième Heure” ou la revanche d’un monde non binaire
A La Haye, Le Mauritshuis confronte peinture XVIIème et photo contemporaine
Marianne Fougere

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration