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EVOL, un petit pouvoir implique peu de responsabilités

EVOL, un petit pouvoir implique peu de responsabilités

19 May 2023 | PAR Laetitia Larralde

Après Soil, Search and destroy ou Bambi, Atsushi Kaneko revient avec EVOL, une nouvelle série de manga indé nourri à la pop culture internationale.

Nozomi, Sakura et Akari, trois adolescents, se retrouvent internés dans le même hôpital psychiatrique. Elèves de la même classe au collège, ils ont tous les trois tenté de se suicider le même jour, mais se réveillent bien vivants, avec un super pouvoir tout neuf, mais assez peu spectaculaire. Mais dans leur ville, les pouvoirs sont censés être hérités par le sang, et les places de super héros sont déjà prises par Lightning Volt et Thunder Girl. La révolte face à aux injustices et aux drames de leurs vies bouillonnant dans leurs veines, les trois jeunes vont s’allier dans une fugue destructrice, signant leurs délits du nom d’Evol.

Evol, c’est Evil, le mal, mal épelé par un adolescent perdu et enragé, mais c’est aussi Love à l’envers. Et dans cette histoire d’Atsushi Kaneko, l’amour ne tourne pas rond, le mal est maladroit, et rien n’est ce qu’il devrait être. La corruption, la violence et la lâcheté se déploient sous une surface bien lisse de bienséance, ne laissant pas aux trois protagonistes d’autre échappatoire que de tout détruire. Les super héros eux-mêmes sont loin des clichés hollywoodiens. Ils sont cruels, froids, vendus au plus offrant, leur conception de leur rôle de sauveur étant elle aussi complètement biaisée.

On retrouve de nombreuses références pop dans EVOL, et on pense notamment à Charles Burns dans le dessin hyper graphique en noir et blanc et le thème de la révolte de la jeunesse, à Donnie Darko pour le lapin en ami imaginaire tyrannique, ou encore aux super héros cyniques et violents de The Boys. Dans cet univers où les puissants dessinent les limites entre le bien et le mal, les plus faibles et les marginaux sont piégés, et Nozomi, Sakura et Akari sont presque acculés, forcés à choisir de devenir mauvais. Mais ainsi, ils vont fédérer derrière eux ceux qui attendaient que leur voix soit entendue.

Avec ces deux premiers tomes d’EVOL (cinq sont parus au Japon et la série est en cours), Atsushi Kaneko met en place un univers sombre, où la révolte est poussée par l’énergie du désespoir et n’est servie que par des pouvoirs dérisoires face à un système écrasant. Et malgré tout, au milieu de toute cette fureur et cette absurdité naît une lueur d’espoir, faible et malhabile, liée au chaos, mais qui porte en elle la promesse d’une EVOLution vers un nouveau monde.

EVOL, tomes 1 et 2, par Atsushi Kaneko
Tome 1 272 pages, 19,99€ – tome 2 304 pages, 19,99€ – Delcourt

Visuel : ©Kaneko Atsushi 2021 / KADOKAWA CORPORATION

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Laetitia Larralde
Architecte d'intérieur de formation, auteure de bande dessinée (Tambour battant, le Cri du Magouillat...)et fan absolue du Japon. Certains disent qu'un jour, je resterai là-bas... J'écris sur la bande dessinée, les expositions, et tout ce qui a trait au Japon. www.instagram.com/laetitiaillustration/

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