
L’étrange Festival : palmarès et dernière séance dérangeante
Dimanche soir, en guise de point d’orgue à cette XXIème édition de l’Etrange Festival, on a décidé, suite à la remise des prix, d’assister à la toute dernière séance : I am here, nouveau film d’Anders Morgenthaler, qui nous a entraînés, à la suite de Kim Basinger, dans un conte noir beau comme un cauchemar.
Dimanche soir, au Forum des Images, l’Etrange Festival a remis son Grand Prix « Nouveau genre » à La Peau de Bax, nouveau film signé Alex van Warmerdam, que la chaîne Canal+ Cinéma achètera pour le diffuser à l’antenne, comme elle le fit pour les précédents lauréats (parmi lesquels on peut citer The voices ou le génial Buried). La critique de La Peau de Bax est à lire ici.
Appelé à voter à l’issue des projections durant une semaine et demie, le public, lui, a choisi de décerner son Prix à Moonwalkers, film britannique d’Antoine Bardou-Jacquet, dont vous pouvez retrouver la critique ici. Vingt-deux longs-métrages étaient en compétition pour ces récompenses. Les courts n’ont pas été oubliés : les américains Luke et Peter McCoubrey ont remporté le Grand Prix Canal+ pour The grey matter, tandis que les spectateurs, de leur côté, ont distingué Splintertime, film d’animation signé Rosto.
Plutôt que de se laisser happer par le délirant Baahubali : the beginning, grande aventure fantastique indienne projetée en clôture, on s’est aventuré dans la salle 300. A la découverte de la nouvelle œuvre imaginée par le danois Anders Morgenthaler, auteur de Princesse (2006), dessin animé pour adultes mêlant sexe, violence et tragédie. Grand bien nous en a pris : tourné avec une équipe américaine, I am here s’est révélé troublant et parfaitement maîtrisé.
Une atmosphère paisible et des lumières douces, tout à coup frappées par des séquences choc, nous ont accueillis. On a marché à la suite de Maria, femme à l’existence aisée, brutalement confrontée à un manque, insurmontable : un enfant. Incapable d’être enceinte sans se mettre en danger, envahie par une noire tristesse, elle s’engage dans la quête de l’objet de ses rêves. Qui la fera passer par une forêt remplie de criminels et de prostituées, à la suite d’un nain drogué…
A la fois très réaliste et totalement décalé, ce conte maléfique s’est révélé tenu et maîtrisé jusqu’au bout. On a goûté sa noirceur, rendue digeste par le rythme du récit, et la présence, dans le rôle de Maria, de Kim Basinger, enfin de retour dans un film de qualité, et toujours aussi charismatique et touchante. Un ovni idéal pour quitter les territoires de l’étrange avec un bon souvenir.
I am here, [rating=3]. Un film d’Anders Morgenthaler. Avec Kim Basinger, Jordan Prentice, Sebastian Schipper, Anouk Wagener. Drame fantastique, Etats-Unis/Danemark. Durée : 1h30.
Visuel : © Christian Geisnaes