Gamines : quand Sylvie Testud parle de son enfance
Même si elle interprète son propre rôle dans le film adapté de son livre, Sylvie Testud a gardé une forme de distance entre ce que lui a fourni la vie et ce qu’elle souhaite offrir en tant que comédienne. Un jolie moment de cinéma qui fait monter quelques larmes.
Dans toutes les familles il y a des douleurs, des non-dits et des fantômes dans le placard. Dans son roman Gamines (le troisième après Le ciel t’aidera et Il n’y a pas beaucoup d’étoiles ce soir), sorti en 2007, Sylvie Testud évoque le monde de l’enfance et aussi les problématiques liées à l’absence du père. Si un film devait être adapté de cet ouvrage, l’auteure souhaitait y trouver la même atmosphère que dans le livre. Lorsqu’elle rencontra Eleonore Faucher, la réalisatrice, Sylvie Testud sut de suite qu’elle était la bonne personne. Toutes deux se retrouvaient dans une ambiance qui évoque la filiation et les rapports familiaux. Pour elles c’était un moyen de confronter leurs fantasmes.
Le résultat est un film dont l’esthétique ne tire pas vers le réalisme (les souvenirs sont parfois aussi flous que les rêves), servi par une distribution juste et retenue (pas d’hystérie inutile) : les trois petites filles (Zoé Duthion, qui interprète Sybille/Sylvie jeune, Roxane Monnier et Louise Herrero) sont incroyables ; Amira Casar est la maman au fil des années : une performance de vieillissement qui ne tend pas vers l’absurde ; et Jean-Pierre Martins (qui jouait Cerdan dans La Môme) assume parfaitement son statut de figure masculine! Une ambiance de souvenirs hivernaux, faisant remonter à la surface l’enfance, avec tout ce qu’elle comporte de rires et de pleurs.