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L’année du requin : entre rire et frisson

L’année du requin : entre rire et frisson

03 August 2022 | PAR Rachel Rudloff

Les frères Boukherma, qui avaient surpris l’an dernier avec leur film de loup-garou Teddy, réattaquent avec du cinéma d’horreur. Ils se lancent dans le grand bain en réalisant le premier film français de requin sur le bassin d’Arcachon. En salle le 3 août.

 

Presque peur

Depuis Teddy, les deux frères originaires de Marmande n’ont pas perdu leur amour du Sud-Ouest, leur humour décalé et leur critique sociale toujours empreinte de bienveillance. Avec leur premier long métrage, ils avaient mis la barre très haut : leur univers morbide qui tendait vers la terreur nous prenait aux tripes. Pour ce second film, la déception se fait sentir. On retrouve tous les ingrédients : les plans rapprochés qui déforment les expressions, les inserts d’images nauséabondes, les tentatives d’alternance de rythme entre légèreté et suspens, mais cette fois-ci, ça prend moins. Le film, qui comme le précédent, oscille entre comédie et horreur ne semble pas parvenir à trouver son équilibre.

Certains dialogues, dont particulièrement les monologues de la voix-off, semblent trop artificiels et échouent à rendre le personnage du “narrateur” (Ludovic Torrent) attachant cette fois-ci. Du côté des têtes d’affiches, Marina Foïs et Kad Merad forment un duo hors normes : lui, homme au foyer, attendant désespérément que sa femme, gendarme, prenne enfin sa retraite et qu’ils puissent ” se poser le cul dans le sable, comme tout le monde aime ici”, sur fond de La Kiffance, de Naps. Mais rien ne se passe comme prévu, et quand un requin fait son apparition sur le bassin, pourtant habituellement si tranquille, Maja repousse son départ pour continuer l’enquête. Face à l’animal, elle devra faire un choix : céder à la pression du groupe et le tuer ou rester fidèle à ses valeurs et le garder en vie en l’éloignant simplement de la population.

 

Une critique sociale et écologique empreinte de tendresse

Cependant, même si le récit ne parvient pas à émouvoir autant qu’il pourrait, le film décolle un peu quand l’ennemi passe du requin à ceux qui s’en prennent à la protagoniste. Ce retournement de situation, rend tout d’un coup le requin bien moins effrayant que deux jeunes garçons qui s’en prennent à Maja, aveuglés par la haine et leur misogynie.

En effet, plus qu’avec le requin, la gendarme va devoir se battre corps à âmes avec les habitants de la côté depuis plusieurs générations. Ils sont bourrus, ces sudistes, ils sont souvent clichés : ils détestent les parisiens, n’écoutent pas les recommandations, sont contre toutes les mesures du maire, râlent, mais n’en sont pas moins attachants.

Leur doute face au réchauffement climatique, au covid, ou toute autre nouveauté sont toujours moqués avec tendresse et sans mépris. Avec l’em>Année du requin, les frères Boukherma prouve une nouvelle fois que la comédie en France a de quoi se renouveler : elle peut être mordante, crue et rafraîchissante sans être blessante !

 

Visuel : affiche du film.

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Rachel Rudloff

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