Cinema
[Deauville 2015, jour 8] Tiède Babysitter, Hommage à Michael Bay et des agents très spéciaux séduisants

[Deauville 2015, jour 8] Tiède Babysitter, Hommage à Michael Bay et des agents très spéciaux séduisants

12 September 2015 | PAR Yaël Hirsch

Encore un jour de soleil et de Lumière sur le Festival du Cinéma Américain de Deauville. Au programme du jour : Babysitter, re-Dope, re-madame Bovary et des agents secrets aussi sexys que fous par Guy Ricthie.

 

La journée a commencé par le premier long métrage de Morgan Krantz, Babysitter. Réputé pour sa webserie Neurotica, le réalisateur est venu présenter son film à 11h au CID de Deauville. Il a d’ailleurs été laconique. Sorte de Théorème à la californienne, le film met en scène la ravissant Daniele Watts en ange « au pair » dans une famille aisée où les parents divorcent et tentent d’utiliser leurs enfants – et notamment leur fils adolescent, ray (Mark Burkholder) comme armes de négociation financière. Cette sorte de « Californication » vue par les enfants, laisse une impression trop forte de décousu et déverse trop de clichés sur le mal-être adolescent. Les images sont belles, mais le scénario trop léger.

En revanche, Dope de Rick Famuyiwa n’en finit pas de séduire le public. Ce film d’aujourd’hui qui met en scène trois lycéens geeks et blacks dans un quartier chaud d’une petite ville californienne joue la carte de l’humour et de la tribu pour mieux révéler que la discrimination est encore un fait quotidien aux USA en 2015. Porté par une BO hip-hop aux petits oignons et par un acteur principal irrésistible, Shameik Moore, le film, déjà présenté à la Quinzaine, est une petite bombe qui pourrait bien rafler le prix du Public.

A 18h, sachant que le film October Gale avait de bien pâles critiques, nous sommes allés rattraper le Madame Bovary de Sophie Barthes. Où la montée de la tension est parfaite et nous a pris à la gorge et où nous n’avons pu qu’agréer avec le jugement de notre collègue adorée : c’est une magnifique adaptation, normande, anglophile et pudique de Flaubert.

A 20h, c’était Tapis Rouge, avec le sentiment bien réconfortant que le public de Deauville sait s’habiller pour cet événement très attendu. On a commencé la soirée par quelques rappels de fin de monde rondement menés avec l’hommage à Michael Bay (le réalisateur de Armageddon et des Transformers) qui, impeccablement blond a évoqué les qualités du Festival de Deauville et ses rêves d’enfants de devenir réalisteur. Il s’est également excusé d’avoir fait sauter Paris dans Armageddon.

Le film du soir nous a plongés en pleine Guerre Froide avec toute la nostalgie et l’élégance des années 1960. Film d’espionnage plein d’humour et rondement mené, Agents très spéciaux : code U.N.C.L.E. de Guy Ritchie a pour originalité le fait de provoquer l’alliance des agents américains (Henry Cavill) et russes (Armie Hammer), de les souder avec les britanniques (Hugh Grant, délirant) et de leur adjoindre une mécano sympa au minois d’Audrey Hepburn entre Berlin et Milan (Alicia Vikander, chouchoute). Moins original : l’ennemi nazi (!) qui torture comme dans Marathon Man, les clins d’œil appuyés à James Bond et l’effet « épisode » du film. Mais le grain de l’image touche vraiment aux sixties, les dialogues sont bourrés de jeux de mots, les coure-poursuites sont efficaces et on a adoré les surtitres graphiques et les split-screens gagnants. Un moment pop et fun, où l’on n’arrête de retenir son souffle que pour sourire ou pour rire. Lire notre critique du film, ici.

Demain au programme de Deauville : Une clôture et la remise des prix tant attendus, mais aussi l’avant-première de Crazy Amy de Judd Appatow et quelques rattrapages de films de la compétition. Nous avions déjà vu le film de clôture, Sicario de Denis Villeneuve, à Cannes, appréciant l’action mais déplorant la pauvreté du message sur un sujet aussi grave que la cartellisation de la violence. A demain, pour plus de cinéma américain.

visuels  : YH

Playlist de la semaine (130)
Tourisme d’ auteur : Week-end au Pays basque, guidé par Roland Barthes
Avatar photo
Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration