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[Cannes, Semaine de la critique] « Hope » de Boris Lojkine: FORT
Film sur la tentative d’émigration vers l’Europe d’un Camerounais et d’une Nigériane, Hope frappe. Sur ses protagonistes, comme sur le spectateur. Violence, pause, violence… et vérité, toujours. Des acteurs non-professionnels soutenus par une équipe de gens du cinéma combatifs et combattants: la recette d’un film qui emporte. Qui informe. Fort.
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La première scène de Hope, sèche et radicale, fait forte impression. Plus loin, l’arrivée dans le « ghetto camerounais » d’une ville du Sahara, frappe encore. Immédiatement, un affrontement verbal entre camerounais et nigérians fait le même effet. On se trouve à nouveau tenus en haleine lors de la présentation du patron du ghetto. Et ainsi de suite.
Léonard, « espoir de toute une famille » doit gagner l’Europe. Tout à coup, il se retrouve encombré de Hope, une nigériane, engagée dans le meme voyage, qu’il est contraint d’épouser lors de noces improvisées. Dès lors, les coups durs alterneront avec les instants plus doux. Avec, toujours en toile de fond, la question cruciale de l’argent.
Boris Lojkine, par son approche simple, dénuée d’artifices, parvient à convaincre. Son art du récit conduit à découvrir des réalités: ainsi, dans ces « bas-fonds de l’immigration », comme il les désigne lui-même, la seule valeur monnayable est ce que tu es, en tant que personne. Léonard va par exemple se servir de Hope pour récupérer l’argent que lui taxent les chefs des « ghettos », dans le Sahara comme sur les côtes d’Afrique du Nord. Or Hope ne peut se rendre utile que par la prostitution…
Aucun jugement n’a lieu, de façon à ce qu’on puisse s’attacher aux deux protagonistes (incarnés par Justin Wang, d’un naturel qui emporte tout, et par la jeune Endurance Newton, à la fois butée et désirable). Cette manière de peindre les personnages retient l’attention : chacun a ses raisons. Pas de manichéisme, dans ce monde-là. Même les chefs de ghetto sont durs, et font des affaires sur le dos de ceux qu’ils accueillent, mais à l’écran, ce sont encore des humains. La dureté, de surcroît, permet des pauses, qui donnent elles-mêmes la possibilité à Léonard et Hope de commencer à s’aimer. De se donner un peu de tendresse, avant une chute qui apparaît quasiment inévitable… Qui explique que l’amour ne soit pas au centre du film, remplacé qu’il est par le souffle humain, tantôt coupé, tantôt mugissant…
Hope, un film de Boris Lojkine avec Justin Wang, Endurance Newton, Dieudonné Bertrand Balo’o, Richmond N’diri Kouassi, Henri Didier Njikam. Drame français, 1h30.
Visuels: © Pyramide Distribution
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